Dès l'aube de sa renaissance, Egym flamboya, frappant quiconque âme, perçue comme adversaire. Un tempérament enflammé qui lui apporta des défaites écrasantes face aux plus vieilles entités. Bien que vaincue par les grandes puissances, la Damné ne perdait rien de sa combativité. Forte, elle se relevait à chaque fois, peut être blessée de corps, mais pas d'esprit.

Une existence de luttes et de chutes qui perdura encore trois millénaires, jusqu'à ce qu'une rencontre ne change sa vie, à jamais. Alors qu'elle était assisse sur la carcasse d'un Bervram et qu'elle dévorait sa cuisse encore chaude, quelqu'un frappa dans ses mains. Dubitative, elle posa son regard sur l'incarnation, qui la félicitait d'une telle prouesse. 

Après une dernière bouchée, elle pointa la cuisse sanguinolente sur la Gourmandise, lui demandant si elle se moquait d'elle. Face aux mots de Belzébuth et sa proposition de devenir sa protectrice, Egym s'en trouva méfiante. Si Belzébuth escomptait l'avoir en gardienne, elle devra faire ses preuves. Elle lança le cuissot, dans sa direction, en frappant en traître. Elle rencontra du vide : la pilier du Vice s'était déplacée. Alors que ses mires d'ambre cherchaient l'Incarnation, des griffes pointèrent sa gorge. Vaincue avant d'avoir essayée, la Damné abdiqua : défendre la Gourmandise pourrait se révéler intéressant.

Sa fièvre de batailles était repue : la suivre lui apportait son lot de combats et de luttes. S'en sortant majoritairement vainqueur, Egym appréciait servir Belzébuth. Elle lui offrait l'opportunité d'affronter de plus en plus d'adversaires. Certains étaient ceux qui souhaitaient devenir la nouvelle Gourmandise. Devoir l'affronter, elle, à la place de l'Incarnation, suscitait leur colère, mais la Damné n'en avait cure. Seuls ceux qui parvenaient à la défaire pouvaient espérer un combat contre la pilier du Vice. A chaque fois, Belzébuth en sortait gagnante, comme si rien ne pouvait l'abattre.

Même lors de la grande guerre, elle semblait immuable, une forteresse qu'on ne peut atteindre. Ce n'est qu'au cours d'un moment d'égarement que les Célestes la blessèrent. La majorité des gêneurs se trouva abattue avant qu'Egym ne soit en position de le faire. Cette puissance la forçait à être fière de la Gourmandise.

Une estime, pour l'Incarnation, qui ne cessa de croître, au fil des millénaires. Aujourd'hui encore, elle ne regrette pas son choix, d'avoir accepté la proposition de Belzébuth. Elle reçut plus qu'elle ne perdit.

A l'aube de sa réincarnation, la mort manqua de faucher son étincelle de vie. Alors qu'il sortait à peine des boyaux de l'Enfer, le corps boueux et nu, il baigna dans la salive d'un cauchemar vivant, que beaucoup espèrent ne jamais croiser de leur vivant : l'Oretheke. Passé l'horreur et le dégoût, que d'être couvert de bave, provoquait, il la vit : la bête, repue dormait dans son cocon, à proximité de l'infernal. Elle ne perçut donc pas la présence proche de Moloch, qui profita de cette chance pour s'échapper. Après des jours à errer dans les terres arides de Dis, sans rencontrer d'autres créatures qui peuplent l'En-Dessous, il se retrouva dans la cité des démons.

Immense et grouillante, la demeure de ses pairs, l'inspirait : il serait une grande puissance. Il rejetait l'idée de n'appartenir qu'à la masse, comme ce fut le cas sur Terre. Nourri par son ambition, il fomentait le souhait de devenir l'incarnation de la Discorde, à la place d'Uphir. Bien qu'il sache qu'atteindre son but, serait une tâche complexe, il en possédait la motivation. Rien, en ce monde, ne pourrait l'empêcher d'atteindre son dessein.

Pendant des siècles, il se mélangea à la masse, trahissant et manipulant pour gravir les échelons. Après trois millénaires, de complots et manigances, il parvint à rejoindre le rang très prisé des Virteccs. En parvenant au sommet, il attira le regard de la Discorde sur lui. Poussé par son envie, il provoqua Uphir mais, de leur lutte, il n'en sortit pas vainqueur. Blessé autant dans son orgueil que son corps, il jura de recommencer lorsque l'Incarnation ne s'y attendra pas.

Les millénaires passants, Moloch conspirait, tissant sa toile jusqu'au jour venu. Ses machinations ourdies, il savait que l'heure de sa revanche arrivait. La Discorde, ne lui portait plus attention, il voyait en lui, un insecte déjà écrasé. Une erreur dont il saura tirer profit, au moment venu.