• Valeria est née d'une famille de bourgeois, dans la cité des masques.

• Très jeune, elle a découvert la place des femmes dans ce monde d'hommes. Mécontentée par la position des mâles concernant ses congénères, elle a vite démontré qu'elle ne souhaitait pas devenir un ventre à engrosser.

• Ses ambitions et ses souhaits de ne pas dépendre d'un époux, brisèrent les liens ténus qui la rattachaient à sa famille. Très conservateurs, ils n'acceptèrent pas la voir quitter le chemin tout tracé. Elle se retrouva expulsée du domicile, à dix sept ans seulement, sans argent ni bien.

• Dépouillée de toute richesse et sans attache, Valeria erra dans les rues de la vénitienne, trempée par la pluie. Bien qu'elle tentait d'obtenir un métier correct, les dirigeants l'expulsèrent de leur commerce, prétextant qu'une enfant et surtout une femme n'y avait pas sa place.

• Alors qu'elle vaquait dans les ruelles de San Marco, pendant que la nuit régnait en maîtresse, elle remarqua bien trop tard que deux hommes la suivaient. L'un d'entre eux l'attrapa par l'arrière. Pensant qu'elle se laisserait faire, son acolyte s'approchait, les mains cherchant à la débarrasser de ses précieux atours. Elle frappa du pied l'entrejambe de son détracteur. Sous la surprise et par la douleur, il la relâcha. Libre de ses gestes, Valeria courut. Échappée vaine. L'un de ses assaillants l'empoigna par sa longue crinière, l'arrêtant dans sa course. Il la plaqua au sol, face contre terre, la main sur sa bouche. Par instinct, la jeune femme mordit la chair, jusqu'au sang. Elle appela à l'aide. Un tissu, enfoncé de force dans la gorge, étouffa ses cris. La rage au ventre, elle supportait l'horreur. La prise, sur son dos l'empêchait de se mouvoir. Vulnérable, elle faisait face à leur envie, pleinement visible. Chacun souhaitait profiter de sa chair, jusqu'à ronger ses os.

• Pestant contre cette fatalité et l'immoralité des hommes, elle les fusilla du regard. Elle refusait de faire don de ses larmes. Amusé par son courage, l'un d'entre eux claqua violemment sa joue. Puis une deuxième fois, avant d'arracher brusquement son haut. Un coup de feu retentit dans l'obscurité, faisant naître l'espoir. Ses agresseurs fuirent, la laissant à terre, sale et partagée entre rage et honte. Son sauveur vint à sa rencontre suivit d'une dame, à l'âge vénérable. Par ses ordres, l'homme lui tendit la main, ainsi que sa veste, pour couvrir sa chair à nue. Elle l'en remercia d'un hochement de tête, après s'être relevée. Involontairement, son corps tressaillit, marqué par l'épreuve difficile qu'elle subit.

• Lorsqu'elle s'approcha de l'ancienne, elle reconnut Ernesta, une comtesse. Une noble qu'elle rencontra lorsqu'elle présenta ses tableaux, dans la galerie d'art. D'un mouvement mesuré de la main, elle l'invita à rejoindre ses pas. Installée dans la calèche, Valeria, sollicitée par l’aïeule, conta son histoire. La décision de sa parentèle directe la fit grimacer. Elle offrit à Valeria, le gîte et le couvert en échange d'un menu service, son art. Touchée par ses toiles, elle souhaitait les admirer jusqu'à sa fin venue.

• Elle resta près de sa mécène jusqu'à ses vingt neuf ans, âge où Ernesta s'éteignit. N'ayant aucun héritier à ce jour et étant sa pupille directe, Valeria hérita de sa demeure et de toute sa fortune. Le cœur serré par cette perte tragique, la jeune femme se promit d'honorer la mémoire de sa grand mère de substitution.

• Lors de ses trente ans, son chemin croisa celui d'Azazel. A leur première rencontre, sa main claqua la joue de l'immortel. L'être proféra des mots qui provoquèrent son irritation, lui donnant l'envie de laver sa langue insolente. Elle le rencontra quelques semaines plus tard. Après plusieurs rencontres, il piqua son intérêt. Elle se laissa tenter par l'entité, embrassant la voie de Lucifer.