Helga Ehrmanntraut


Helga Ehrmanntraut
Essences : 40
Arrivée en ces terres : 03/11/2022
Missives : 2

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Helga Ehrmanntraut
• Sexe : Femme

• Caste : Mortelle

• Nature : Mageias alchimiste

• Âge : 30 ans

• Lieu et date de naissance : Née le 23 mars 1870 à Cologne (Royaume de Prusse)

• Origine sociale : Roturière




• Métier : Aux yeux de tout le monde, elle est une savante. Elle dispense son savoir et passe beaucoup de ses journées à faire avancer la science comme elle le peut. C’est une scientifique (une des rares femmes pour l’époque). Cependant sa nature d’alchimiste est tenue secrète en raison de ses liens avec le Kaiser Prussien et la maire de Venise ; elle est officieusement en mission secrète pour le compte de la Prusse afin d’étudier de mystérieux artefacts présents à Venise, avec la coopération du gouvernement local.

• Croyance : Aucune.





Transmutation organique : Il s’agit du pouvoir caractéristique des Alchimiste ; celui de transformer la matière. Cependant il existe plusieurs formes de transmutation et, dans le cas d’Helga, elle n’en maitrise que deux. La transmutation organique est la première ; ce pouvoir lui permet de manipuler toute forme de matière organique, pour la transformer selon ce dont elle a besoin.

Transmutation non-organique : A l’image de sa version organique, ce type de transmutation permet de manipuler la matière qui n’est pas d’origine organique. Les métaux sont l’exemple le plus parlant ; tout alchimiste digne de ce nom se doit de savoir transformer du plomb en or ! Bien entendu ce pouvoir ne se limite pas qu’aux métaux. Il s’agit de toutes formes de matières non-organique, même si la difficulté de manipulation n’est pas la même pour toutes.

Création de mutagène : Ceci est un pouvoir très particulier dans le sens où il n’est pas totalement magique. Il s’agit là d’un parfait exemple pour représenter ce qu’est l’alchimie, à savoir le savant croisement de la science et de la magie. Grâce à ses connaissances scientifiques et à sa magie, Helga est capable de créer des mutagènes dont le but est d’altérer l’ADN du sujet. Il peut être animal ou humain, même si elle n’a jamais réussi à en créer pour ces derniers. Les mutagènes, dans leur état final, peuvent prendre la forme d’un liquide à injecter via perfusion ou sous forme de potion à boire.



• Visage : L’alchimiste arbore un visage qui ne reflète en rien la nature réelle de sa personne. C’est à dire qu’à en juger uniquement par ses traits, on ne saurait deviner la sombre personne qu’elle est. Helga possède un visage délicat, aux traits angéliques et aux lèvres pleines, qui inspire tout sauf la cruauté qu’elle cache en elle. Bien que, sous certains angles elle aura un air de petite peste. Un faciès qui ne trahit pas non plus son passé torturé, animé par la guerre et les atrocités qui en découlent. C’est une femme qui attache une grande importance aux apparences, étant donné que c’est l’un de ses principaux moyens pour rester inaperçue ; c’est pour cette raison qu’elle prend le temps de s’entretenir. L’on peut remarquer cela à sa chevelure brune toujours impeccablement coiffée, ou bien à ses lèvres arborant souvent une touche de cosmétique, sublimant leur couleur pourpre naturelle. Le seul élément qui peut, parfois, paraître troublant est la froideur de son regard.

L’on dit que les yeux ne mentent guère, ce qui pour Helga est vrai. Bien qu’on pourrait admirer la couleur ambrée sombre de ses pupilles, ou bien la forme légèrement en amande de ses yeux, son regard demeure froid et inexpressif. Dû à la guerre ou à ses propres crimes, ce qui est sûr est que la jeune femme possède un regard dénué de toutes émotions ou expressions, comme si elle ne possédait aucune âme … Ou qu’elle n’en possède plus désormais.

• Corpulence : Mince. C’est l’adjectif qui correspondrait le plus pour décrire globalement sa corpulence. La guerre et les temps durs qu’elle a engendrés l’ont rendu maintenant mince, voire maigre. Elle n’est pas squelettique pour autant - ni plate - mais, on peut remarquer un certain manque de forme. Plutôt moyenne de taille, avoisinant le mètre soixante-six, Helga est plutôt passe-partout si on se focalise uniquement sur son corps (et non sur son visage). Par ailleurs, même si elle a pris quelques couleurs depuis sa venue à Venise, elle reste une femme au teint très pâle et à la peau de porcelaine, tant dans la couleur que dans le touché.

• Style vestimentaire : Classieuse. Quand on ne connaît pas la personne, on se laisserait penser qu’elle appartient sans doute à une famille bourgeoise ou à minima, aisée financièrement. Néanmoins Helga n’en est rien ; elle est roturière comme plein de monde. Cependant elle tient énormément à préserver les apparences et surtout à maintenir l’illusion qu’elle renvoie à tout le monde. Celle d’une petite bourgeoise riche. C’est pour cela que ses goûts vestimentaires - et esthétiques dans un sens plus général - sont sophistiqués. Helga préférera la qualité à la quantité, favorisant donc des accoutrements sur-mesure et mettant juste ce qu’il faut en valeur. Long manteau de laine, chemise en coton, robe ou jupe élégante en passant bien évidemment par le corset. S’il existe encore une forme de plaisir ‘innocent’ pour cette femme au cœur de pierre, c’est bien la mode élégante.

• Signes particuliers : Elle possède un accent Prussien quand elle parle. Si cela provoque de la curiosité chez certains, chez d’autres ça provoquera de la méfiance car ils la perçoivent comme une étrangère.

• Cicatrice(s) & ou Tatouage(s) : /

Malformation(s) ou handicap(s) : /




• Qualités : Malheureusement pour Helga, ses qualités ne sont pas légion. Lui en trouver serait aussi difficile que d’en trouver au diable. Si l’on se prête à l’exercice et qu’on accepte de tordre légèrement la réalité, alors on peut dire de prime abord qu’elle est une personne d’honneur et de conviction. Dans le sens où elle se tiendra à ses propres codes moraux et à ses propres idéaux qu’importe ce qui arrive. Il n’est pas aisé de lui attribuer des qualités morales, cependant on peut lui associer beaucoup de mérite pour ses talents alchimiques. Elle semble douée d’une aisance pour manipuler la matière, notamment grâce à sa capacité de concentration extraordinaire et à son goût du travail bien fait. Dans son art elle devient une personne incroyablement dévouée et plus généralement, quand quelque chose lui tiens à cœur elle y met tout son être.

• Défauts : À l’instar de ses qualités, elle a beaucoup de ce que la plupart des gens qualifieront de défauts. Avant d’entrer dans le vif du sujet il est important d’identifier la racine principale de laquelle découle tout ses vices. Les expériences passées d’Helga ainsi que la découverte de ses pouvoirs d’alchimiste ont fait d’elle une nihiliste. En d’autres termes, elle est complètement amorale, réfute toute forme de vérité absolue et estime que la vie en elle-même est absurde. Le sens de celle-ci n’est celui que l’on est prêt à lui donner selon elle. Puisque la vie n’a aucun sens – du moins moralement – alors Helga ne se soucie guère du mal qu’elle peut causer à autrui, car en fin de compte, tout ceci n’a que peu d’importance. Pour elle la seule chose qui compte est sa propre réalité et ses propres ambitions. On peut ainsi en déduire que son nihilisme l’a transformée en une psychopathe au sens médical du terme ; elle est physiquement incapable d’éprouver de l’empathie ou toutes autres formes de sentiments envers autrui.

D’aucun diront qu’en réalité elle est née avec des troubles psychologiques et que ce sont ceux-ci, en réalité, qui ont fait d’elle ce qu’elle est moralement.

• Aime : Vu le personnage qu’elle est, on peut douter du fait qu’elle apprécie quoique ce soit. Pourtant, il s’avère qu’elle possède des goûts et des préférences qui, étonnement, tranchent sa personnalité apparente. Par exemple Helga aime la cuisine ; que ce soit la manger ou la faire. Elle se révèle être une fine gourmette qui prend plaisir à cuisiner des plats qui sont, à son image, raffinés. Quelque part quand on fait de la cuisine, on fait de la chimie, ce qui n’est qu’une suite logique compte-tenu de son métier. Toujours en restant au royaume gastronomique, elle se révèle être également une amatrice bons vins.

Si l’on sort de ce thème, Helga s’avère aussi une férue d’histoire mais aussi, et surtout, de politique. Enfin, le dernier élément notable est son chat – qu’elle a nommé Maestro. C’est bien la seule créature vivante envers laquelle Helga semble ressentir de l’affection, même si elle reste assez froide dans sa façon d’aimer son chat.

• Aime pas : En vérité il serait plus simple de lui demander ce qu’elle aime. Car mis à part cela, elle n’aime rien ni personne. Ni les humains, ni les animaux. Elle exècre toute personne qui se place sur un piédestal, à vouloir protéger la vie humaine ou le bien-être, trouvant cette position ridicule et surtout inutile.

• Phobie : Sa plus grande phobie serait de perdre ses pouvoirs. Ne plus être capable de manipuler la matière est l’une des rares choses en ce monde qui lui donne des cauchemars la nuit. Cependant, elle a toujours travaillé d’arrache-pied pour ne pas être totalement dépendante de ses pouvoirs ; c’est pour cela qu’elle est autant une scientifique qu’une Mageias.

Tic(s) ou manie(s) : Ses paupières et parfois même le coin de ses lèvres ont tendances à trembler proportionnément à son niveau de colère et/ou de stress.

• But et Ambition : Il n’y a qu’une personne sur cette terre capable de savoir une telle chose. Helga elle-même … Personne d’autre ne sait pourquoi elle fait ce qu’elle fait. Pas même ses employeurs. Si en apparence elle fait cela par loyauté envers son pays, ou par amour de la science, la vérité est tout autre et bien plus sinistre. Helga, bien que nihiliste, croit dur comme fer que l’être humain doit évoluer, se transcender vers une forme de vie supérieure, capable de survivre face aux êtres Immortels. Selon elle, le seul moyen pour y parvenir serait d’intégrer ce qui rend les anges et les démons si puissants, à l’être humain. En toute somme ; créer la forme de vie ultime qui combinerait mortels et immortels.



Cologne, royaume de Prusse, mars 1870

L’hiver touchait progressivement à sa fin et le printemps était aux portes en amenant avec lui le radieux d’un soleil doux et la fonte des neiges. Malgré un climat de plus en plus anxiogène du aux nombreux conflits entourant le royaume, il fut pourtant un jour dans la vie d’un jeune couple fraichement marié où le bonheur effaça tout ceci. Neuf mois de labeur pour que Ursula Ehrmanntraut, née Strauss, mette au monde une petite fille, qu’elle décida de nommer avec son mari Helga. C’était un jour heureux bien que difficile. Karl, son mari, ne pouvait dorénavant se sentir plus comblé que cela. Il avait réussi à fonder sa propre famille et tout semblait lui sourire.

La petite Helga était en bonne santé et ses premiers mois de vie sur cette terre ne semblaient présager que du bon pour la suite. Entourée et choyée par ses parents, elle ne manquait de rien même si les temps étaient durs. Elle avait l’amour de sa mère et son père, ce que beaucoup d’autres enfants n’avaient pas. Cependant, la réalité de l’époque rattrapa malheureusement le couple et brisa l’idylle qu’ils avaient construit. Les tensions étaient à leur apogée entre l’empire de France et le royaume de Prusse, ce qui conduisit quelques mois plus tard au début d’une guerre entre les deux nations. La mobilisation fut proclamée en Prusse et Karl, malheureusement, fut contraint de partir au front en laissant femme et enfant derrière lui contre son gré.

Bien que n’ayant que quelques mois à peine et ne comprenant pas ce qui se passe, ce fut néanmoins le tout premier évènement marquant dans la vie d’Helga … Car le jour du départ de son père fut le dernier jour qu’elle l’aperçut en vie. La guerre, avec toute l’horreur qu’elle engendre, pris la vie de Karl un vendredi d’octobre 1870. Quand la sinistre nouvelle tomba aux oreilles d’Ursula, cela eut l’effet d’une bombe ; tout son monde s’écroula. Karl était tout à ses yeux et elle ne voyait pas comment vivre sans lui. Comment allait-elle survire toute seule en des temps aussi durs ? Comment allait-elle pouvoir s’occuper de sa fille, subvenir à ses besoins ? La mort de son époux fut l’élément déclencheur d’une longue et lente descente aux enfers pour ce qui restait de la famille …

Décembre 1876

Les années s’écoulèrent. La mort de son père entraîna malheureusement sa mère dans un cercle vicieux à base d’addictions diverses et dépression. Plus le temps avançait et plus Ursula n’arrivait plus à garder sa raison. La mort de Karl fut bien trop douloureuse. Il était son monde, son tout, et sans lui elle n’était plus rien. Si pendant les premiers mois succédant ce triste événement elle parvint à maintenir le cap, surtout envers sa fille, les années eurent finalement raison d’elle. L’alcool fut son principal poison, qui aggrava dès lors un traumatisme déjà très important.

Il s’avéra qu’Helga était la seule famille qui lui restait. La guerre et la précédente épidémie de choléra lui avait déjà pris tout le reste. Mais malgré ce fait, bien que sa fille fût son unique famille, cela ne suffit guère à apaiser ses souffrances et elle déporta celles-ci sur Helga. Au fil des années, plus elle grandissait et plus Ursula se montrait colérique, voire violente par moment. Ses nerfs étaient constamment dénudés, l’alcool et les médicaments qu’on lui avait prescrits l’avaient complètement dénaturé et l’avait transformé en un véritable monstre abusif. Helga fut, malheureusement, la victime de cette femme et de sa descente aux enfers. Jamais elle ne sut surmonter la mort de Karl et cela la consuma.

Au début, c’étaient des invectives. Puis les années passèrent, Helga grandissait et les injonctions devinrent de plus en plus acides. Vint alors les répressions physiques, dès que l’humeur de Ursula n’était pas la bonne - et autant dire que ça arrivait très souvent. Pour le dire dans des mots plus simples, Ursula devenait une mère abusive et violente envers Helga qui, à part pleurer ou crier, ne pouvait malheureusement rien y faire. Elle ne tarda guère à entrer à l’école mais, là où on aurait pu croire qu’il pouvait s’agir d’un refuge, on s’apercevait rapidement qu’il n’en était nullement le cas.

Helga n’était pas une fille très sociable. D’aucuns diront que son mutisme et son caractère réservé étaient dus à la façon dont elle a été traitée. Toujours étant qu’à l’école on la mettait à l’écart. Les autres enfants la trouvaient bizarre. Il dégageait d’elle une aura étrange, glaçante. C’était sans doute en raison, encore une fois, de sa nature très muette et réservée. On ne savait pas grand-chose d’elle, elle ne parlait pas beaucoup non plus. Comme n’importe qui, elle avait essayé de venir vers les autres, de se faire des amis notamment pour obtenir un peu ce réconfort et cette chaleur dont sa mère était dépourvue.

Mais personne ne le lui donna. Ainsi Helga se renferma sur elle-même et, les règles de la cour étant ce qu’elles étaient, elle se retrouva isolée et souvent moquée. Aussi loin qu’elle puisse s’en souvenir, elle ne compte plus les fois où elle dû se cacher aux toilettes pour pleurer, pour évacuer le poids des moqueries, le poids du manque d’empathie, du manque d’amour … Mais le temps finit par sécher ses larmes et fut un moment où celles-ci finirent par se tarirent. Helga, par mécanisme d’autodéfense ou autre, s’était progressivement enfermée dans une prison de glace et se coupait du monde, des autres personnes. Cela finit même par atteindre sa propre mère, avec qui elle échangeait de moins en moins de mots - au profit de plus en plus de coups et d’insultes.

Plus son enfermement s’intensifiait et plus Ursula s’acharnait. Aucun n’aurait pu alors prévoir l’horreur à venir … Un soir de décembre, en plein hiver. La nuit était noire et sombre, le froid aussi mordant que les crocs d’un loup affamé. Ursula avait beaucoup bu et sa médicamentation était à ce stade devenue aussi nocive qu’une drogue dure. Un mélange beaucoup trop dangereux pour une femme dont la santé mentale était extrêmement fragile. Ce soir-là Ursula était un état tel qu’on pouvait la croire posséder par le diable en personne. Ses cris étaient déchirants et ses mots aussi tranchants qu’une lame de rasoir. Son coup de sang de ce moment venait du fait qu’Helga n’avait pas ramené assez de bois à chauffer, étant déjà chargée par son matériel scolaire.

Les cris étaient là toute la soirée mais vers les douze coups de minuit, ils furent accompagnés physiquement. Les larmes de la petite fille ne cessèrent de couler durant plus d’une heure, harcelée tant moralement que physiquement par une Ursula complètement aliénée. Plus que la normale, ce qui trahissait une surconsommation des psychotropes qu’on lui avait prescrits. Le point d’orgue de cette furie fut quand la mère d’Helga, dans sa crise, s’était saisie d’un couteau de cuisine. La jeune fille, dont le visage était bleu de coups, sentit son sang se glacer. Pour la première fois elle sentit un frisson atroce la traverser ; son cœur n’avait jamais autant palpité et son sang était plus glacé que le lac dehors. Quelque chose d’effroyable se produisit cette nuit, au cœur de la pénombre hivernale. Un drame affreux avait eu lieu mais pas celui qu’on aurait pu penser.

Ce soir-là une petite fille aurait dû mourir, tuée par la folie d’une mère torturée et aliénée par la maladie, l’alcool et les médicaments. Au lieu de cela, les voisins entendirent un éclat soudain, accompagné par un puissant flash lumineux sortant des vitres de la maison. Une lumière si puissante et si assourdissante qu’ils crurent tous à de la foudre, voire à une détonation. Mais il n’en était rien. Un silence tout aussi assourdissant s’abattit ensuite sur le quartier. Les cœurs battaient vite, tentant de comprendre ce qui s’était passé. Mais les sueurs froides arrivèrent vite quand soudainement l’air fut empli des cris et sanglots stridents d’une fillette.

L’un des voisins, un menuisier père de famille, se dépêcha d’arriver sur les lieux. Malgré le froid mordant, il s'était empressé d’arriver sur les lieux, pensant que la petite Helga était en danger. Cependant ce qu’il découvrit en forçant la porte de la petite maisonnette le fit rendre son dîner quasi-instantanément. Il s’agissait d’un homme ayant survécu à la guerre de 1870, qui avait connu l’horreur du champ de bataille dans toute sa laideur. Et pourtant la scène s’offrant à lui fut si écœurante que son estomac en fut de plus retourné, le forçant à vomir. Du sang. Beaucoup de sang, partout dans la pièce principale. Des boyaux pendouillaient au plafond, tel des crochets à viande dans un abattoir. Des restes humains à peine reconnaissables étaient accrochés aux murs et au parquet. Des filets d’hémoglobines continuaient à couler du plafond comme s’il en pleuvait et, au milieu de cette scène aussi macabre que surréaliste, trônait Helga.

Rouge, couverte de la tête aux pieds du liquide carmin de sa mère. Recroquevillée sur elle-même, les yeux si ouverts et figés qu’on aurait cru que ses globes oculaires allaient sortir de leurs orbites. Sa bouche tremblotait, on aurait dit qu’elle tentait de dire quelque chose mais elle n’y parvenait pas. Elle ne pleurait ni ne hurlait plus ; le choc lui avait complètement bloqué la respiration. Si le menuisier n'était pas un vétéran de la guerre, il aurait succombé au choc de la scène et se serait évanouie. Mais il resta là, figé, son cerveau tentant de réaliser ce qu’il était en train de voir …

Octobre 1883

Sept années passèrent depuis l’incident. Cette nuit de décembre 1876 défraya la chronique à l’époque, attisant toutes sortes de théories pour expliquer ce qu’il s’était réellement passé ce soir-là. Depuis lors la vie d’Helga changea mais pas forcément pour le meilleur. Elle fut récupérée par la police et ceux-ci tentèrent de trouver quelqu’un appartenant à sa famille qui pourrait s’en occuper. Malheureusement ils s’aperçurent qu’il n’y avait personne. Les autorités compétentes décidèrent donc de la placer dans un internat, n’ayant aucune autre option. Evidemment tout le monde se posait la question ; pourquoi Helga était la seule rescapée de cette macabre nuit ? Pourquoi fut-elle retrouvée ainsi, seule, couverte du sang de sa mère ? Qu’est-ce qui s’était réellement passé ? Ils avaient tout essayé pour la faire parler mais la fillette était muette comme une tombe. Tous pensèrent que le choc fut si intense qu’il avait provoqué en elle un sévère traumatisme. Ce fut peu après son placement en internat qu’on décida également de la faire suivre par un psychiatre, afin de non seulement l’aider mais aussi pour pouvoir un jour obtenir la vérité sur ce qui s’était passé.

Pendant ces sept années, Helga continua son éducation comme n’importe qui mais progressivement montra que malgré ce qui s’était passé dans sa vie, elle demeurait une brillante élève. C’était comme si le fait de se couper de toutes interactions, de toutes formes de distraction sociales lui avait permis d’être des plus assidues et concentrées en classe. C’était bien le seul point positif dans son attitude, car celle-ci n’avait malheureusement pas changé, voire elle avait empiré. Helga était froide comme un glaçon avec ses camarades d’internat. Autant les filles que les garçons. Elle n’était pas parvenue à se faire des amis, bien qu’elle n’eût jamais réellement tenter de le faire. Helga sentait qu’au fond elle se suffisait à elle-même. Peu de fois avait-on entendu sa voix, tellement la jeune fille était muette. C’était comme si l’accident lui avait … retiré son âme. Son regard était de plus en plus vide et inexpressif à mesure que le temps passait.

Ses résultats scolaires étaient remarquables et les professeurs à l’internat remarquèrent son gout de plus en plus prononcé pour les mathématiques et les sciences de manière générale. Il était plutôt peu commun de voir des filles être autant investie dans ce genre de domaine, pour l’époque. Ses années à la [/i]Volksschule[/i] furent donc couronnées de succès, du moins académiquement parlant. Pour tout le reste, malheureusement, ce fut une période tout aussi difficile que sa petite enfance. Peu de gens l’appréciait et ce pour la même raison qu’autrefois ; elle était froide, étrange, voire elle faisait peur. Son regard figé, son expression glaciale et son manque de sociabilité l’écartèrent des autres élèves. Sauf que cette fois-ci, on aurait dit qu’elle s’était accommodée. Quand elle n’était pas en cours, elle avait le nez collé dans des livres qu’elle empruntait à la bibliothèque. On la laissait être ce rat de bibliothèque, par sympathie ou pitié du fait qu’elle était seule et sans amie.

Vers l’âge de ses treize ans, outre son goût pour les sciences, on trouvait surprenant son intérêt ou du moins la curiosité d’Helga pour certains ouvrages un peu moins conventionnel, parlant de l’Opus Magnum ou d’alchimie. En vérité ce furent ses lectures sur des brillants scientifiques comme Antoine Laurent de Lavoisier sur sa vision moderne de l’alchimie ou bien encore René Descartes sur ses idées, notamment celle du dualisme de l’âme et du corps. Même si l’on voyait qu’Helga était très investie en cours et était passionnée par les sciences, on trouvait que ses lectures de loisir étaient étranges pour quelqu’un de son âge. La réelle raison à cela, au-delà d’une passion, était une quête personnelle de réponse ; Helga cherchait à comprendre ce qui s’était passé autrefois, à la mort aussi brutale que sanglante de sa mère. Le souvenir était aussi vif et brûlant qu’au premier jour et il n’y avait pas une seule journée qui ne passait sans qu’elle y pense.

Cette recherche de vérité mais aussi cette soif de connaissance la propulsa au-devant de la classe, attisant envie et jalousie de la part de ses pairs. Elle était une brillante élève mais une bien piètre personne envers les autres. Sa réussite souleva des questions au sein des professeurs ; que faire d’elle ? À l’époque l’accès à l’enseignement secondaire – le Gymnasium – était difficile d’accès pour les femmes. Pas impossible mais, il fallait en général une excellente raison et un homme d’influence pour la faire admettre dans l’enseignement. Il eut un de ses professeurs qui n’aima guère l’idée de gâcher le potentiel de cette jeune fille et décida d’en parler à d’autres de ses confrères, qui pouvaient à nouveau faire écho auprès de personnes plus influentes. Le nom d’Helga circula dans la sphère éducative jusqu’à ce qu’il parvienne aux oreilles d’un homme, qui reconnut la fillette couverte de sang trouvée dans une petite maison, en bordure de Cologne il y’a de cela sept ans.

Cet homme était un conseiller du maire Willhelm von Becker, qui venait de prendre ses fonctions. Membre du conseil d’Etat prussien, von Becker cherchait à se démarquer de son prédécesseur et parmi ses priorités était la sécurité de la ville. Son conseiller ayant eu l’écho du terrible incident de décembre 1876 et voyant que la seule rescapée était toujours en vie, décida d’y prêter oreille. Il était très intéressé à l’idée d’entrer en contact avec Helga, dans l’espoir de la faire parler et d’être le premier homme à apporter réponse au maire, ce qui lui vaudrait beaucoup de mérite et de notoriété auprès de celui-ci. Ce qu’il ne savait pas, et ce dont d’ailleurs personne ne se doutait, était qu’Helga avait d’ores et déjà commencé à chercher les réponses et avait fini par la trouver.

Si ses lectures s’orientaient autant vers la chimie voire l’alchimie, c’était pour une raison. Si au début elle lisait les scientifiques par intérêt académique, certains de leurs dires avaient attiré son attention vers l’alchimie et de fil en aiguille, vers ses propriétés. Sans doute naïve et l’esprit encore troublée par l’horreur de cette nuit-là, elle avait voulu croire qu’elle avait accidentellement provoqué une transmutation. En alchimie, ce terme signifiait la transformation de la matière en un autre état ; dans le cas présent il s’agissait surtout de la première étape de la transformation à savoir, la destruction. Elle n’était qu’une enfant après tout et ce genre de chimère ne la choquait pas. Elle avait persévéré dans ses lectures jusqu’à ce qu’elle tente de vérifier sa propre théorie.

Personne ne se doutait que certains soirs Helga tentait de se prouver à elle-même qu’elle était douée de pouvoirs. Elle avait vu la scène, autrefois, et c’était la seule explication qu’elle avait réussi à imaginer. Inlassablement, chaque soir, elle tentait de transformer des petites pierres. Sans jamais que cela réussisse. Il ne se produisait absolument rien, et cela aurait dû la décourager … Mais elle savait qu’il y avait quelque chose d’autre. Elle savait qu’il y avait une force externe, puissante, qui n’attendait qu’être manipulée. Car encore une fois, si ce n’était de la magie alors comment expliquer ce qui était arrivé à sa mère ? La malchance finit toutefois par l’abandonner un temps quand, un soir au milieu de la nuit, durant une énième tentative de changer un caillou en petit minerai de cuivre, l’impensable survint. Une petite lueur bleutée, rappelant à Helga la même lumière aveuglante qu’elle avait vu lors de l’incident, se matérialisa entre sur la pierre et aussi instantanément disparue pour laisser derrière elle un petit bloc de cuivre.

Ce fut dès lors qu’elle comprit. Tout se révéla à ses yeux ; elle était dotée de pouvoirs magiques. Le mystère qui la hantait était enfin levé … Elle avait performé une transmutation ratée sur sa propre mère, durant un moment de grande panique. Cette découverte ne la changea guère en surface, car elle tâchait de ne pas se révéler par peur d’autrui, mais elle la changea profondément à l’intérieur. Helga, qui se voyait comme une pestiférée à force d’être rejetée par les autres, se persuada dès lors qu’elle était en fait supérieure, grâce à ses dons. Cette révélation allait absolument tout changer pour elle dans un futur proche, qui allait commencer à se mettre en place au moment où le conseiller du maire von Becker approcha la jeune fille, lors d’une visite à son internat.

Il avait eu vent de l’incident, du fait qu’elle avait survit et du fait qu’elle était une brillante élève. Sa venue, officiellement une simple visite de la part d’un officier d’état, était en réalité un moyen pour lui d’approcher Helga. L’homme et la jeune fille finirent donc par se rencontrer et il fut rapidement confronté au mur de glace qu’elle était. Toutefois, obsédé par l’idée qu’il pourrait résoudre le mystère autour de cette macabre nuit de décembre et du prestige qu’il en tirerait auprès du maire, il persévéra. L’homme, au bout de plusieurs mois et plusieurs visites, finit par trouver le moyen d’atteindre Helga et la faire parler, en lui proposant une offre si unique et exceptionnelle pour une femme de l’époque ; celle de la faire intégrer un gymnasium, ce qui lui permettrait d’accéder à des études universitaires. Une opportunité unique qu’Helga ne pouvait refuser … A la seule condition qu’elle lui révèle la vérité.

Helga expliqua alors à l’homme ce qu’elle avait trouvé. La magie et l’alchimie. Bien entendu, la première réaction du conseiller fut de croire à une mauvaise blague, voire à du manque de respect puisqu’il semblait que la jeune fille le prenne pour un imbécile. Mais Helga le persuada de la suivre à l’abri des regards et, devant ses yeux, performa la même transmutation qu’elle avait faite auparavant ; elle changea une petite pierre en son équivalent en cuivre. Ebahit, sans voix et ne comprenant guère ce qu’il venait de voir, l’homme eut l’idée de récupérer le cuivre pour le faire authentifier, avant de prendre toute décision. Il crut sentir ses jambes devenir liquide quand les chimistes de l’université lui confirmèrent qu’il s’agissait bel et bien un gisement de cuivre, tout ce qu’il y avait de plus ordinaire.

Le monsieur venait d’assister à une véritable démonstration de magie, en bonne et due forme. Lui qui pensait simplement trouver la clé du mystère, avait trouvé bien plus que cela … Une telle découverte ne pouvait pas se savoir au-delà de certaines personnes privilégiées, dont le maire von Becker. Ce fut ainsi qu’il introduisit Helga à ce dernier, la priant de reproduire devant lui le tour de magie. Le mois d’octobre 1883 fut le marqueur d’une nouvelle ère dans l’existence de la jeune fille. Helga avait su faire parler d’elle grâce à ses résultats scolaires exemplaires, mais venait également de s’acheter un billet pour les études secondaires et universitaires. Et enfin, au-delà de cela, elle venait d’être introduite dans les sphères politiques Prussiennes ; le maire von Becker ordonna surveillance et protection accrue sur cette femme, ainsi que le silence absolu sur ce qui a été vu. Le marché conclut fur respecté et l’année qui suivit, Helga intégra le gymnasium.

En parallèle, le maire qui était également membre du conseil d’Etat, décida de mettre dans la confidence certains autres de ses confrères mais aussi, et surtout, le Kaiser Wilhelm I en personne. Mais, la politique étant ce qu’elle est, il n’eut pas que le Kaiser qui fut au courant pour Helga ; de fil en aiguille ce fut également son petit-fils, le prince Wilhelm II, qui accéda à cette information. Des intrigues et des plans commencèrent à s’échafauder sur la seule base de cette information, révélant l’existence d’une femme capable de manipuler la matière. Helga se retrouva, sans qu’elle le sache, propulsée au milieu d’un échiquier politique qui allait décider de son avenir dans très peu de temps …
• Comment avez-vous connu Déliquescence ? Par sa fondatrice

• Comment le trouvez-vous ? Pourquoi poser la question quand on a déjà la réponse ?

• Quelles sont vos disponibilités ? Je sais pas trop, ça dépend

• S'il advenait que vous quittiez le forum, quel fin réservez-vous à votre personnage ? La mort !

• Des suggestions ou idées à apporter ? Pas pour le moment

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Helga Ehrmanntraut Empty Dim 4 Déc - 21:47

Coucou !

Oh mon dieu quelle fiche !

J'ai hâte de lire la suite Smile

Tu as jusqu'à 4 janvier pour la finir Wink

Bon courage pour la continuité !
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Helga Ehrmanntraut Empty Dim 25 Déc - 15:39

Coucou à toi !

Comme demandé, tu as un délai.

Tu as jusqu'au 19 janvier pour finir ta fiche Wink

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