Achab Sconosciuto


Achab Sconosciuto
Essences : 270
Arrivée en ces terres : 18/03/2023
Missives : 19

Achab - L'inconnu venu de la mer  Empty Sam 18 Mar - 11:45

Sconosciuto Achab
• Sexe : Homme cisgenre.

• Caste : Mortel

• Nature : Humanae

• Age : Très difficile de déterminer son âge. Et Achab l’a lui-même oublié. Il doit s’approcher de la quarantaine.

• Lieu et date de naissance : Il prétend l’avoir oublié. Du reste, son accent guttural rend cela encore plus imprécis.

En vérité, Achab est né dans le sud des États-Unis, il descend d’immigrés irlandais

• Origine sociale :Achab vous soufflera qu’il n’est qu’un « honnête vendeur d’opium » d’un sourire se voulant doux. Il croit porter l’illusion que cela sonne vrai.

En vérité, Achab a été esclave. Néanmoins, il ne ment pas totalement. Sa famille de roturiers tenait un  commerce.




• Métier : Vendeur d'Opium

• Croyance :

Achab ne croit en rien, si ce n'est qu'en lui-même.

Enfin, ce n'est pas tout à fait vrai.

Il n'y a aucune conscience de ce qu'il se passe, et si c'était le cas, il s'y adapterait. Quoiqu'il méprise les figures d'autorité, il ne croit qu'à ce qu'il peut voir. Même les vapeurs de l'opium ne suffisent pas à charmer son pragmatisme.

Si ce n'est la mer.

Il ne croit ni en Dieu, ni aux anges. Ce à quoi il croit, il est persuadé de l'avoir croisé dans les abysses. Et par deux fois. Lui, il se définit non pas comme un humain. Mais comme le fils de la Baleine blanche. Celle-là même qui l'aurait ramené, alors qu'il s'enfonçait dans les profondeurs de la mer.

Survivant de deux naufrages, à porter dans ses tissus nerveux le souvenir d'une immense ombre blanche qui déchirait le ciel.




• Visage :

Achab, on l'a toujours trouvé laid.

Que ce soit sous le soleil dardant du Sud, ou dans le vent de Venise, il n'a jamais été beau.

Pour autant, c'est un homme jouissant d'un certain charisme. Des traits coupés à la hache, une peau blême avec des lèvres vermeilles. Un nez légèrement tordu, qui rend sa respiration sifflante, très discrètement. Il faut tendre l'oreille, l'écouter respirer son calme. Une petite déviation nasale, résultant d'une bagarre d'auberge - c'est ce qu'il raconte. Tout au plus banal, Achab n'a pas une figure qui inspire la confiance. Oh. Il sait sourire. Et il a en poche tout un tas de sourires pour s'accorder aux situations. Le sourire doux et commercial, suivi d'un ton bienveillant. Mais incroyablement faux. Parce que le vrai sourire d'Achab, quand il se grave dans son visage dur, n'a rien de bon.

Achab a la mâchoire carrée, le cou épais. Les yeux noirs enfoncés dans leurs orbites, le front proéminent et les oreilles légèrement décollées. Certaines personnes vous diront qu'il tient du rat, quelque part. C'est inscrit dans sa physionomie. Voyez-vous, c'est scientifique : l'on peut déterminer la personnalité d'un individu rien qu'à son physique. Mettre la science au service de l'ordre social, c'est ce que prétendait Cesare Lombroso. Et Achab aurait très bien pu se retrouver, quelques décennies auparavant, dans les portraits dressés au sein de son ouvrage : l'Homme Criminel.

Qu'à cela ne tienne ! Achab ne veut pas être admiré pour une quelconque beauté ni pour sa bonté. Du reste, cette physionomie outrageuse, martelée par les vagues, abîmée par les tempêtes, asséchée par le sel marin, n'est rien d'autre qu'un avertissement. Ne vous approchez pas trop de lui. On ne sait pas ce que ce genre de vermine a sous sa tignasse noire.

Achab ne souhaite pas être aimé ou désiré. Il préfère être craint.


• Corpulence :

Si Achab prend toujours soin à être bien habillé, de costume mêlant sens pratique et esthétique, sa corpulence contraste fortement. Plus haut, on a mentionné son cou épais. Lui, qui se complait dans la douceur des jolis tissus, et à garder les mains derrière le dos - comme un signe distinctif qui le séparerait de la plèbe - ne peut tromper ce que son corps dit de lui. Pour l'époque, c'est un homme relativement grand. Si ses joues creusées lui donnent l'air constamment faiblard, ses épaules sont là pour rappeler sa force.

Un torse large, des hanches musclées, des bras aux articulations abîmées par le temps passé à être esclave. Pour autant, Achab ne cherche pas vraiment à rendre son apparence réellement menaçante. Pour lui, c'est un outil du quotidien qu'il préfère cacher à l'abri des regards. On ne le verra jamais nu, toujours couvert jusqu'au cou. Son pas est silencieux, malgré le poids de ses muscles. Ses bras agiles, malgré que son corps soit taillé dans la pierre. Les cicatrices, dissimulées à l'abri des regards, sont nombreuses. Elles envahissent son épiderme, en dépit de son épaisseur.

Le contraste avec son langage corporel peut prêter à sourire. Parce qu'Achab est toujours en représentation. Tente de se rendre distingué dans cette peau malmenée, mais quand il s'énerve, c'est comme s'il déchiquetait à pleine dent la soie qui recouvre son apparence monstrueuse.

Mais le véritable monstre est à l'intérieur de ses chairs.

• Style vestimentaire :

L'on verra jamais Achab porter autre chose que du noir. Le noir chez lui, à l'instar de ses yeux et de ses cheveux, c'est une identité. Une marque de fabrique. En vérité, peu de couleurs lui vont et le noir, lui permet de rester dans l'ombre. Achab est un homme discret, un taiseux, et c'est l'image que son style vestimentaire rapporte. Il porte constamment des bottes épaisses, remontant jusqu'à ses genoux, celles-ci sont relativement usées et couinent quand il les enlève.

Pour autant, Achab prend soin de ses vêtements. Il choisira toujours un tissu de qualité, et la plupart du temps, il fait tailler ses costumes sur mesure. Pour quelqu'un qui prétend que la superficialité est une affaire de femme, il fait attention à ces détails. Ses habits doivent être confortables et distingués, comme pour l'élever au-dessus de la masse, sans pour autant entraver ses mouvements. Du reste, il ne se découvre jamais, même les bras. S'il fait chaud, on le verra avec son veston.

Si vous glissez les mains sous ses vestes et ses capes, vous noterez peut-être que ses chemises sont blanches et épaisses. Souvent, elles sont des restes de toile de jute. Il déteste les froufrous, il préfère la rudesse du cuir. À Venise, il parait douteux, avec le noir dans les yeux et dans ses tissus.


• Signes particuliers :

Des yeux noirs comme l’encre, avec les pupilles dilatées. - Une corpulence qui contraste fort avec ses attitudes maniérées - Une voix très grave, qui vrombit dans sa gorge et dotée d’un accent guttural. - Il a les ongles cassés et/ou rongés - De la corne sur les mains. - Sur sa peau, il porte constamment une odeur d’humidité et d’opium. - Il a les veines des mains et des avants-bras particulièrement apparentes.

• Cicatrice(s) ou Tatouage(s) :

Hormis quelques cicatrices qui fendent ses lèvres, son nez, Achab n'a pas tant de cicatrices au visage.

Pour autant, il faut ouvrir le col de ses chemises pour saisir le début d'une histoire marquée profondément dans ses chairs. Des entailles dans la peau, des brûlures qui descendent jusqu'à ses clavicules marquées. Si Achab se lave habillé, et va jusqu'à se barricader dans sa salle de toilette, ce n'est pas pour rien.

Non pas qu'il a honte de son apparence — il est hideux par nature, à quoi bon ? —, mais ses stigmates parcourent son dos, son torse, son ventre, jusqu'à l'intérieur de ses cuisses et ses genoux. Des coups de fouets ou d'épées, des brûlures dans les reins. Tout son corps révèle son ancienne nature d'esclave — lui, imaginez, un homme blanc ! —, et les sévices qu'il a vécus pendant des années. Le tatouage au niveau de sa poitrine, signe son appartenance à son ancien maître.


•Malformation(s) ou handicap(s) :

Hormis une étonnante résistance à la douleur, et sa légère déviation nasale, il n’y a rien à signaler.



• Qualités :

Quelle est la principale qualité d'une vermine ? Les mauvaises langues diront que c'est sa capacité à survivre à tout.

Achab est doué d'une résilience à toute épreuve, celle-là même qui l'a poussé à se relever. Malgré les horreurs de son existence d'esclave, malgré les deux naufrages. Achab est une vermine, il survivra à tout. Les blessures psychologiques sont bien réelles, pourtant.

Autrefois, c'était l'adolescent décalé à qui les filles n'osaient pas parler. Celui qui nourrissait les animaux et leur parlait. Désormais, il est un homme charismatique qui a appris à masquer au quotidien. C'est un homme charismatique, parfois charmeur, qu'on écoute parler. Sa voix, quand il chante, est apaisante et fascinante.

Du reste, Achab est doué d'une empathie singulière. Voyez-vous, l'on croit toujours à tort qu'être empathique est une qualité. Achab est manipulateur, s'il ne savait pas comprendre les autres et deviner leurs intentions, il ne pourrait pas les diriger comme des marionnettes. C'est un acteur avec un sens du commerce aiguisé. Il sait lire et manier plusieurs langues. Il a un don pour la musique qu'il n'a jamais exploité, un esprit créatif et fin.

Achab, persuadé de maîtriser ses émotions, porte plusieurs masques. Il sait comment plaire, se plier aux règles de la société. Pour autant, il est doué d'un instinct prononcé (certains diront que c'est sa paranoïa qui l'a aiguisé), d'une touche d'humour noir. Cynique et caustique, il peut prodiguer des conseils. Pour autant, ils ne seront pas plaisants à entendre.

Enfin, Achab est doué d'une force impressionnante, et d'une endurance mise à mal par la quantité d'opium qu'il peut inhaler au quotidien.

Il est pragmatique, organisé, mais se complaît à vivre dans sa boutique, loin des lumières et des gens. C'est ce qui est étrange avec lui, on sent que cet homme est un érudit, un esthète, malgré cette face de vermine.

• Défauts :

Reprenons l'Homme Criminel de Cesare Lombroso. Achab aurait pu y figurer, quelques décennies auparavant, afin de décrire sa physionomie comme le reflet de sa vilénie. Il aurait une place en Enfer, et de choix. Parce qu'Achab incarne un certain mal. Un mal social, pétri de PTSDs, une figure de son temps.

Achab a toujours été ce garçon un peu décalé, silencieux, maladroit dans les mots et dans les gestes. À une époque, on le moquait parce qu'il peinait à saisir le second degré. Désormais, cette naïveté et cette innocence se sont fracassées, et sont tombées dans le fond des abysses. Achab est-il mauvais ? Ou bien est-ce sa condition qui l'a rendu ainsi ?

C'est un homme rugueux, de physique et de caractère. Un manipulateur, un forcené, un homme rustre et endigué dans sa rage et sa haine. Obsessionnel, paranoïaque, il n'a rien pour lui — ni dans l'âme ni dans l'apparence. Il est détestable, et il ne veut pas qu'on lui prête une quelconque humanité. C'est sa façon de se défendre, à montrer les crocs et les poings.

Il déteste les autres individus de sexe masculin, mais prend plaisir à les dominer physiquement. Moins ils consentent, plus il en tire du plaisir. Quoiqu'il ne soit pas homosexuel, comme certaines rumeurs le murmurent, il aime profondément leur faire du mal. Malgré tout, il est incapable d'approcher une femme et de la courtiser. Comme avant, il se complait dans son rôle d'observateur. Depuis longtemps, il s'est fermé aux formes de l'amour.

Achab s'adonne à tous les vices possibles, il est plus dépendant à l'adrénaline qu'à l'opium. Sur ce dernier point, c'est un consommateur aguerri qui sait ne pas rentrer dans les excès. L'opium qu'il vend est toujours plus fort que celui dont il s'abreuve.

Violent, colérique, mauvais. Ainsi est la nature qu'on lui a prêtée.

Et c'est bien ainsi, car Achab ne veut pas être aimé ou désiré. Il veut être craint.


• Aime : Il préfère l’opium fumé à la pipe - Aime la solitude et observer les autres dans son silence réconfortant - Dominer physiquement les hommes qui sont plus forts que lui  - Les jeux de logique - La mer, les profondeurs, si bien qu’il collectionne les os de baleine et des livres sur le sujet. - Il a réussi à mettre la main sur un exemple traduit de Vingt Mille Lieues sous les mers - Il boit principalement du rhum épicé. - C’est un oiseau de nuit. - Il lui arrive de peindre - Malgré tout, il se sent étroitement lié à la mer et s'il a choisi Venise, ce n'est pas pour rien -  Il a un faible pour les femmes bien plus jeunes que lui, avec des cheveux noirs et bouclés, relent d’un amour frustré et disparu.

• Aime pas : Achab déteste tout ce qui n’est pas lui, et celleux qui viendraient rompre le calme de sa petite existence - La lumière du soleil lui fatigue vite les yeux, il n’aime pas non plus la chaleur. Lui, qui préfère rester cloîtré dans sa boutique. - Méprise les mondanités. - Il n'aime pas être touché ou qu'on envahisse son espace personnel - Il est très mauvais perdant.

• Phobie :Se retrouver en position de faiblesse, à la place de ceux qu'il aime faire souffrir sur son temps libre. Que l'on voit son corps. Achab vit dans la paranoïa, se méfie de tout. Et comme n'importe quel animal acculé, il se défendra en mordant.


Tic(s) ou manie(s) : Garde les mains derrière le dos - Grimace souvent - On peut le voir souvent regarder autour de lui - C’est plus parlant quand il se promène seul, et qu’il s’assure ne pas être suivi. - Semble s’ennuyer constamment. - S’assoit presque toujours “en carré” (le mollet droit sur le genou gauche)

• But et Ambition : Achab n'a en vérité pas de réelles ambitions. Malgré son caractère, il n'aspire pas à vivre constamment dans la haine. Son objectif principal est de mener une vie confortable, loin des chouanneries humaines. De quoi maintenir sa boutique à vent et à flot, et vieillir seul.


Sconosciuto *

Inconnu, celui que l'on ne connaît pas. Ce mot peut aussi signifier l'étranger.
Et c'était ce qu'il était à Venise. Un étranger, dont l'accent roulait le long de sa langue, grondait dans sa gorge.

L'inconnu venu de la mer, qui ne portait pas de nom et dont les souvenirs avaient été engloutis.

Achab prétendait qu'il ne se rappelait plus de sa vie d'avant, et si mentir était pour lui aussi naturel que respirer, il était sincère sur ce point.

Son prénom  était [///].

Dans le Sud des États-Unis, avec la peau tannée par le soleil, les mains abîmées par les travaux [///] se souvenait des cheveux noirs et bouclés. Du rire plein d'épices, et de la chair chaude comme du sable. Une silhouette habillée de breloque et de soie, de la joie époumonée depuis une poitrine pâle.

Sa famille à elle était plus riche que la sienne. Alors le soin qu'elle apportait aux détails criait l'oisiveté ; une fille n'est réellement belle que lorsqu'elle est épargnée par les travaux de la ferme. Quand elle peut couvrir son visage d'un grand chapeau, quand elle ne se crame pas les chairs à travailler sous le soleil.

Et [///] ne faisait que la croiser, dans les allées et retours de son père dans sa grande maison coloniale. À l'aider à transporter des épices et de la farine, à écouter les parents échanger sur le prix du blé. Il se souvient encore qu'elle se cachait en haut de l'escalier, les mains posées sur la rambarde. Alors petite, elle devait se mettre sur la pointe des pieds pour voir ce qu'il se tramait en bas. Et lui, [///] à peine plus âgé qu'elle, gardait les mains dans le dos. Droit, silencieux, à contempler les belles choses de la maison.

Il l'aima de loin. Observateur, et non tentateur, sans jamais risquer fantasmer une vie qu'il n'aurait jamais. La famille de la fille avait fait fortune grâce aux esclaves ; [///] était habitué à les entendre dire qu'eux, ils étaient des bons maîtres. Mais que malgré tout, afin de les faire travailler de l'aube au crépuscule, il fallait parfois se montrer dur. Une main de fer dans un gant de velours, c'était le dicton qu'ils se traînaient là.

Sa famille à lui n'avait pas d'esclaves, juste plusieurs enfants, plus ou moins doués. [///] était l'étranger au sein de sa famille. Celui pas vraiment comme les autres, sans qu'on puisse réellement mettre le doigt dessus. Son père le grondait et le punissait de ses multiples maladresses, ses frères soupiraient et ne le défendaient pas quand d'autres garçons se moquaient de lui. Il avait grandi sans qu'on croie en lui, doux rêveur, usé par les coups et le travail.

Ses souvenirs étaient confus, brouillés par les abîmes. Du reste, il ne se rappelait plus vraiment de sa famille. Juste d'elle et de son père. Une fois, alors qu'il effectuait une livraison chez elle, le maître de maison l'avait surpris en train de regarder l'un des tableaux qui décorait le petit salon. Il n'aurait jamais dû pénétrer ce lieu, avec ses chaussures sales et ses mains pleines de crasse. Il s'était attardé sur la lumière du tableau, alors que son oeil se précisait sur les croûtes de la peinture.

Lui, l'enfant idiot, lui, le gamin gauche, semblait avoir une prédisposition pour apprécier l'art. Et le maître de maison, plutôt que de le gronder, saisit en cet instant cette sensibilité ô combien particulière pour un garçon de cet âge. Plus tard, il aurait dit de lui à sa famille : il n'est pas stupide, non. Son intelligence est autre, toute singulière. Il ne réfléchit pas comme vous et moi.

Encore aujourd'hui, il lui arrivait de peindre. Dans l'obscurité de sa boutique, à faire danser le pinceau sur la toile. Il était dépensier et radin en même temps. Ses passions lui apportaient une relative sérénité, loin des hommes, loin des tempêtes.

Imaginez donc, un esclave qui peint.

S'il dit s'appeler Achab, c'est bien parce qu'il a oublié son véritable nom. Il était l'Étranger, l'inconnu venu de la mer. Sauvé par deux fois des naufrages. Il ne se souvenait pas de son nom, peu de sa famille. Les souvenirs s'entremêlaient aux hallucinations provoquées par l'opium, et par les traumatismes gravés dans sa chair. Parce que voyez-vous, au fond, Achab n'était pas mauvais par nature. Non. C'était la nature même des hommes qui l'avait rendu aussi tordu.

Quand il s'était retrouvé avec elle, à la contempler dormir, épuisée qu'elle était de ses sanglots, il avait hésité. Longtemps, à fixer ses cuisses pleines de sang, sa robe blanche découvrant ses genoux. Son esprit l'avait emmené dans des contrées pas encore explorées. Une fausse couche provoquée par un autre, un homme qu'elle avait pleuré d'amour et de rage. Ici, on vendait encore la virginité des jeunes femmes avec leur dot. Et elle, tombée pour un connard pareil, voyait son avenir  souillé par l'autre. Cet autre qui n'était pas lui, cet autre qui lui avait fait ce cadeau en croyant qu'il l'épouserait.

Même s'il avait été à peu près sûr qu'il pourrait lier son corps au sien, sans qu'elle ne se réveille, il ne l'avait pas fait. Il s'était contenté de soigner ses blessures, de la laver et de la couvrir de son regard noir. Puis, il avait quitté la chambre pour dormir devant sa porte. Au sol même.

Comme un bon chien.

Imaginez donc, un roturier qui avait fantasmé toute son enfance sur la fille la plus riche de sa ville.

Imaginez donc, un blanc, qui se retrouva quelques semaines plus tard sur un bateau. Entouré d'esclaves noirs, qu'on menait au bagne pour avoir commis un crime.

Le premier naufrage, alors parqué comme du bétail dans les cales, l'avait sauvé de la prison.

Quelque part, il racontait qu'il avait eu trois vies.

La première s'était terminée dans les abysses. Quand la tempête se déclencha en plein milieu de l'océan, il avait su qu'il en ressortirait changé. Au fond, il n'avait pas eu l'espoir de survivre. Attaché qu'il était avec les autres, la rage et la panique de contempler la mort autour de lui. À ses yeux, il n'avait rien de plus hideux que ce souvenir. Quand les hommes avaient peur, quand ils étaient désespérés, ils étaient empreints d'une laideur monstrueuse.

Bien sûr, les esclaves n'avaient pas leur place sur le pont. Bien sûr, il en vit plusieurs se noyer et se débattre. Se battre entre eux pour tenter d'échapper à ce qui arrivait.
Lui, il perdit connaissance quand on le poussa et que son crâne percuta une planche. Son nez frappa le fond de la cale.

Dans sa tête, il ne restait qu'une peinture étrange. Celle du navire fracassé par les vagues, celle du ciel avalé par les abysses. Le torse contre une planche, les mains toujours attachées, il en avait oublié la sensation de faim. Son oeil rougi contemplait les profondeurs de l'océan, et depuis ses entrailles, il crut qu'on lui rendait son regard.

Une grande ombre immaculée était loin, si loin, elle nageait paisiblement. Elle semblait l'accompagner, lui, alors que son corps engourdi par le froid et la faim partait à la dérive. C'est là qu'il se rendait compte que lorsqu'on se noie, on ne prête attention qu'à la profondeur de l'océan. Jamais de sa grandeur. Pourtant, c'était cette étendue glauque autour de lui, qui pénétrait ses tissus nerveux, qui était le plus effrayante. Parce qu'il était seul.

Seul avec la grande baleine blanche.

La soif lui broyait la gorge, pourtant il n'avait pas la force de boire. Et à quoi bon ? Le sel allait le rendre malade. L'eau imbibait ses vêtements, transperçait ses os. Ses mains pleines de cornes pendaient dans la mer, alors que ses yeux suivaient l'ombre immaculée depuis le fond des abysses. La lumière du soleil se réfléchissait sur la gigantesque étendue bleue, il en avait mal aux pupilles.

Jusqu'à ce qu'une nouvelle ombre se mette à planer au-dessus de lui.

Celui qui le sauva s'appelait Achab.

Ce fut ainsi que sa vie d'esclave débuta. Achab le méprisait pour son accent, il trouva les origines irlandaises dans les sons gutturaux qu'il émettait. La couronne d'Angleterre, à qui Achab avait prêté allégeance menait une lutte contre l'Irlande, depuis qu'il y avait eu les grandes famines dans les années 50. On trouva qu'il allait au bagne, à cause des vêtements et des liens aux mains. Achab n'était pas un pirate, il était à la tête d'un navire qui faisait des allées et retours entre l'Empire britannique et les États-Unis pour le commerce de noirs. Achab avait lu Cesare Lombroso, Achab était persuadé que les hommes étaient séparés naturellement en caste. Et il trouva en lui, toute la vilénie que son visage hideux traduisait. Ses origines portées par l'Irlande étaient en partie la cause.

Alors Achab se servit de [///] comme d'un objet, moins bien considéré qu'un chien. Il ne vivait pas, sur ce bateau, il survivait. Traité d'idiot et de vermine, [///] vit chaque morceau de son humanité se faire piétiner. Et à chaque bout perdu, la haine reforgea quelque chose en lui. Chaque jour, il survécu aux pires atrocités. On grava dans sa chair les coups, on brûla ses cuisses, on lui arracha des cheveux. Et chaque jour, on lui rappelait qu'il devait baiser les pieds d'Achab pour l'avoir sauvé.

Il ne sut jamais vraiment pourquoi on justifia ce traitement. Pourquoi lui, en particulier, méritait les insultes et les viols de la part d'Achab. Sans doute était-ce dans sa nature d'être mauvais. Peut-être trouvèrent-ils des justifications dans son statut de criminel, dans le sang irlandais qui coulait dans ses veines.

Achab considérait qu'il lui appartenait. Il se vantait auprès de ses pairs d'avoir fait de lui un homme sans volonté, et loyal. Il aimait démontrer tout cela en lui ordonnant de le raser, alors que la lame pouvait à tout moment finir en plein dans sa carotide. Mais il ne le fit jamais, il attendait son heure. La violence qu'il subissait au quotidien était devenue banale, il apprit à se plier à toutes ses volontés. Il n'était plus lui-même, il était devenu ce qu'Achab faisait de lui. Celui-ci mettait un point d'honneur à lui rappeler qu'il était l'esclave d'un seul maître.

Achab alla jusqu'à graver le sceau de sa famille sur sa poitrine. Juste au niveau du cœur, persuadé d'avoir anéanti jusqu'à son âme. Tout ce qui faisait de lui un individu, avec une volonté et des sentiments. Il lui rappelait sa condition de rat de navire, sans se douter qu'il allait un jour ou l'autre, propager un genre de peste dans son équipage.

En mer, le temps est capricieux. Le soleil peut pointer le bout de ses rayons dorés quelques secondes, avant de se retrouver envahis par l'orage.

En mer, les vivres sont les denrées les plus importantes. Gouverner le bateau pour arriver à bon port était tout aussi primordial. Parce que lorsqu'on est perdu au milieu de nulle part, retrouver le chemin est difficile. Et c'était ce dont il avait conscience. Après tout, ce n'était pas tant de la profondeur de l'océan dont il fallait se méfier.


Mais de sa grandeur.

Des vents marins, portant avec eux le désespoir d'hommes perdus. Des vents marins, charriant avec eux une eau salée et malade. Celle-là même dont il se servit pour faire pourrir les vivres. Discrètement, pendant que tout le monde dormait, il faisait remonter un seau d'eau, et il s'en servait pour gâter la nourriture. Bien sûr, il se gardait des parts pour manger à sa faim. Plus ou moins.

Bien sûr, il savait que les premières victimes ne seraient pas le capitaine et ses hommes, mais les autres esclaves comme lui. Les noirs à qui on le comparait.

Mais il n'avait plus la force de penser à quiconque. Il n'y avait que sa vengeance et sa liberté qu'il désirait. Des années, une décennie peut-être, de servitude et de violence avait profondément changé quelque chose en lui. Alors il fit comme avant, il observa de loin ce qu'il se passait. Achab et sa peur de plus en plus palpable, les esclaves qui tombaient comme des mouches. Ceux trop idiots qui mangeaient la nourriture gâtée, et qui déclenchaient des maladies. On sous-estimait l'impact d'une épidémie de diarrhée au bord d'un navire. Certains mourraient dans leurs humeurs corporelles, et avec leurs cadavres, vinrent d'autres maladies. Achab, débordé par la situation perdit peu à peu de sa superbe.

On cuisait le cuir des bottes pour manger, on faisait bouillir du tissu pour espérer combler la faim. On faisait brûler les corps pour endiguer les épidémies, et on consommait les animaux emportés lors d'une précédente escale. Des cadeaux pour la Couronne d'Angleterre, qui n'arrivèrent jamais.

Lui, il se demanda s'ils n'allaient pas se bouffer entre eux.

La charogne empestait le quai, la merde et la pisse avaient corrompu les planches. Et l'équipage, épuisé, à bout, lui apparu soudain bien faible. Achab qui l'avait autrefois persécuté et violé le suppliait d'aider à se lever.

Il avait gagné la guerre du corps et de l'esprit, il lui manquait une dernière étape pour sa vengeance.

Une nuit, il se contenta de glisser dans les poches d'Achab une pomme qu'il avait gardée. Le capitaine, harassé d'épuisement et de faim ne s'en rendit pas compte. C'est quand il parvint à se relever et qu'il la fit tomber qu'à son insu, il déclencha l'apocalypse en pleine mer.

Cela dura plusieurs jours.

Une autre nuit, alors que les ténèbres emplissaient le cœur des hommes, l'esclave aux yeux noirs créa le jour dans l'obscurité.

Sa rage se répandit en traînée de poudre sur tout le navire, et quand Achab croisa enfin son regard, il comprit.

[///] le lui rendit dans un sourire mauvais.

Il prit la fuite avec des vivres qu'il n'avait pas fait pourrir. Il avait préparé son départ en grande pompe, si bien qu'il profita du chaos qu'il avait orchestré pour sauter dans une barque. Achab le supplia bien de lui revenir, au sol, alors que ses hommes l'agrippaient pour l'empêcher d'avancer.

Tout aurait pu s'arrêter là. Il état désormais un homme libre.

Puis, il y avait eu Achab, qui à bout de souffle, avait remué les lèvres. Il ne l'avait pas entendu, mais il l'avait lu dans le fond de ses pupilles clairs. Ce "rat", dont la langue avait claqué sur son palet. Et l'esclave se sentit vide, soudain. Dans le chaos de la nuit où il faisait jour, où les flammes dévoraient les grandes voiles du bateau britannique, le rat de fond de cale ferma le poing.

Un autre esclave se jeta sur les hommes d'Achab, le libérant de leurs poids. Et lui, prêt à sauter et s'enfuir, le fixa se relever. Achab le détailla, longtemps. L'échange de regard le fit bouillir depuis l'intérieur de ses entrailles. Puis, il serra la mâchoire.

La marque au fer rouge sur sa poitrine le démangea, soudain.

Ses souvenirs étaient encore flous. Il se souvient d'avoir foncé sur Achab en poussant un cri de rage, et de l'avoir attrapé pour se jeter avec lui par-dessus bord.

Entre les hoquets, la respiration sifflante, et l'eau qui noyait ses poumons, il vit au loin la grande baleine blanche. Une seconde, voire deux, où Achab en profita pour reprendre le dessus sur lui. Une lutte acharnée, dans les profondeurs de la mer, où les flammes de l'incendie se suspendaient au dessus de leurs têtes, à éclairer leurs faces de leur lumière rougeoyante. Et lui, qui finit par attraper la dague à la ceinture d'Achab. Plusieurs coups de lame dans le cou, le sang qui envahit ses narines et le corps de l'autre prêts à l'emmener avec lui dans les profondeurs.

Et la baleine blanche, au loin, qu'il croit percevoir. La seule réelle lueur immaculée dans les ténèbres des abysses.

Ce fut sa troisième vie qui démarra cette nuit-ci.

Sconosciuto, cela signifie l'inconnu, ou bien l'étranger. En anglais, il peut se traduire comme : « unfamiliar ».

Il avait un amour des mots, un humour caustique et un cynisme qui se traduisait dans les actes. Par deux fois, il avait croisé l'intangible dans les profondeurs de l'océan. Et par deux fois, c'était ce qui l'avait sauvé.

Dans sa boutique d'opium, coincé dans l'une des petites ruelles du Ghetto, il se mettait à peindre ce qu'il restait de ses souvenirs. Il dormait peu, il buvait plus qu'il ne s'alimentait réellement. L'étage qu'il vivait puait l'humidité et l'opium, des restes de peinture et de sa sueur. Dans sa chambre, juste sous les combles, où il faisait froid l'hiver et brûlant l'été, il empilait encore et encore des toiles. Entre deux inhalations d'opium, il traçait de grandes silhouettes blanches perdues au plein cœur de l'océan.

Sur certains tableaux, le visage d'une femme en contre-jour lui souriait. Les traits de sa figure étaient noyés sous les rayons de ses soleils, mais on pouvait distinguer une abondante chevelure brune et bouclée. Elle portait toujours  du blanc sur les toiles, et des bijoux dorés.

Achab l'Inconnu, c'était le nom qu'il avait donné quand il était devenu l'apprenti d'un vendeur d'opium.

Achab, l'esclave d'un seul maître, à présent libre d'avoir sa propre boutique.

L'étage était difficilement accessible, il fallait passer une énorme porte, monter des escaliers abîmés par le temps. Achab  préférait se retrancher dans les recoins les plus sombre de sa maison. Il sentait l'usure, de son corps et de son âme, et sa boutique lui ressemblait.

Ici aussi, il était méprisé pour être un rat. Mais avec le temps, il était devenu un autre genre de vermine. La violence qu'il avait subie pendant des années s'était enfermée dans ses chairs. Il aspirait à mourir dans cette solitude rassurante, à cacher la marque sur sa poitrine. Il l'avait brûlé et gratté, il avait essayé d'en effacer les gravures. Pourtant, on pouvait distinguer encore le sceau de son maître.

Assis sur un tabouret, face à sa peinture, Achab soupira. Les fenêtres fermées laissaient à peine filtrer la lumière du jour, la nuit blanche passée à peindre tiraillait les traits de son visage. Alors il posa les coudes sur ses genoux, il fourra sa face de rat entre ses grandes mains abîmées. Puis, il se releva d'un pas lourd. Le plancher grinça sous son poids, tandis qu'il attrapait sa veste noire. Il rentra sa chemise dans son pantalon, avant de renfermer un à un, les boutons de sa veste. Le tissu s'étira, la couture au niveau des épaules émit un léger gémissement.

Il a les mains abîmées, Achab.

Et il parait qu'il paye pour juste regarder les filles. Non, vous ne comprenez pas. Il ne les touche pas. Il refuse même d'être touché en retour.

Les garçons se plaignent de sa violence, mais les filles ? Jamais. Parfois, il leur paye même des repas complets.

Son opium est trop fort, c'est un véritable poison. Quand on se réveille après l'avoir inhalé, c'est comme si les organes avaient pourri.

C'est à son image, non ? Cet homme est mauvais, pourri jusqu'à la moelle.

Même le Diable se méfierait d'un homme pareil.

Oui, Achab avait les mains abîmées. Ridées par les années passées à récurer le pont, pleine de corne à force de travail. Des mains calleuses aux phalanges proéminentes, rendant son contact désagréable. Et il avait une sacrée poigne. Capable de tordre des cous.

Incapable de courtiser une fille. Il n'avait jamais été doué avec tous ces jeux-là, mais il se plaisait à contempler celles bien plus jeunes que lui. Pour autant, il détestait qu'on le touche, et avec ses mains hideuses, il ne voulait pas souiller leurs formes.

Quant aux hommes, ils méritaient de souffrir. Voilà tout.

Elle ne lui apparaissait plus vraiment, dans les vapeurs de l'opium. Alors il se mettait à peindre pour ne pas l'oublier. Achab, l'inconnu venu de la mer, le fils de la grande baleine blanche. Quand il était ivre aux bars, c'était ce qu'il racontait. Mais qui croirait un soulard pareil ?

L'Homme Criminel, au visage de rat, qui envahit Venise avec son opium. L'enfant du chaos, le mal social de ce début de siècle.

Le calme avant que la tempête ne se déchaine en mer.

• Comment avez-vous connu Déliquescence ? Une certaine personne m’avait passé le lien, et je l’ai retrouvé de partos en partos.

• Comment le trouvez-vous ? J’aime bcp le contexte historique/fantastique.

• Quelles sont vos disponibilités ? En dent-de-scie.

• S'il advenait que vous quittiez le forum, quel fin réservez-vous à votre personnage ? Achab peut mourir, ou s’exiler ailleurs.

• Des suggestions ou idées à apporter ? RAS, mais je profite de cette section pour préciser des trucs sur Achab :
Je ne dis pas tout et c’est volontaire, puisqu’il prétend être amnésique et qu’il ment comme il respire.
Certains points viennent de mes connaissances (comme la science sur la physionomie)
S’il y a le moindre souci en RP avec ce perso, s’il vous plaît, dîtes le moi. Je ne veux pas créer le moindre malaise, même s’il a plus de red flag qu’il n’a de cheveux.

• Crédit de vos images : L'Outsider de la série Dishonored



Amalia Vitelli


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Achab - L'inconnu venu de la mer  Empty Sam 18 Mar - 12:27

Bienvenue parmi nous. :3
C'est super cool de voir une nouvelle tête !
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Achab - L'inconnu venu de la mer  Empty Sam 18 Mar - 12:31

Coucou et bienvenue à toi !

Un commencement qui promet de belles choses.

J'ai hâte d'en découvrir davantage

Tu as jusqu'au 18 avril pour finir ta fiche !
Achab Sconosciuto


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Achab - L'inconnu venu de la mer  Empty Dim 19 Mar - 14:55

Merci à vous deux pour l'accueil !

Bon, je me suis perdu en chemin avec son histoire, mais normalement tout est bon Smile
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Achab - L'inconnu venu de la mer  Empty Dim 19 Mar - 16:59


Validation





Mon dieu, quel personnage, quelle fiche. J'ai pris plaisir à la lire. La complexité d'Achab et sa vie de chien donne l'envie de compatir. Il fait partie de ces êtres qu'on n'a vraiment pas envie de rencontrer en vrai.

J'ai hâte de suivre ses aventures.

Tu es validé. Il ne te reste plus qu'à ouvrir un carnet et créer ta demande de rp.

N'hésites pas à participer au flood ou partager tes créations.


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