Livret V : Le choeur Angélique

Les Archanges furent façonnés par Dieu avec quelques gouttes de son cruor et de l'essence même du premier souffle de l'univers.

Les Tourmenteurs (ou Séraphins à leur création) furent créés à partir de pierres précieuses et de ses larmes versées lors de la trahison de Lucifer.

Les Élevés sont d'anciennes âmes de mortels qui ont atteint l'élévation par un archange majeur  

Au début de la création du monde, le peuple céleste parlait l'enochien. Cependant, lorsque Lucifer décida de se rebeller contre Dieu, l’emploie de cette langue ancestrale, aux mots de pouvoir, fut bannit du Paradis et seuls les Archanges en conservent le souvenir, à défaut de l'usage. Aujourd'hui, leur langue est l'angélique. Pour toute créature n'appartenant pas au Paradis, la sonorité de leur langage est un mélange de chants d'oiseaux et de vents murmurants. S'ils doivent communiquer avec les mortels, les anges s'adressent directement à leur âme.

Si les Archanges disposent d'une matérialisation humaine, enveloppée d'un halo d'or et d'immenses ailes, ils préfèrent s'afficher sous forme astrale. Cet aspect véritable, qui ne conserve parfois qu'une vague allure humanoïde, est aussi colossal dans l'apparence que dans la puissance et leur permet de jouir de leurs pleins pouvoirs.

Les Tourmenteurs déploient une beauté dérangeante, hybridant l'allure mortelle et des traits occultes. Leurs iris, vermillons, pâles ou opaques, et leur double ou triple paires d'ailes les démarquent aussi des autres Célestes.

Les Élevés ressemblent à s'y méprendre à un humain ordinaire, si ce n'est leur paire d'ailes. Ils peuvent arborer une apparence différente de celle de leur vivant. Leur âme s'incarne en effet dans la forme qui lui correspond le plus, parfois dans une variation extrême de son ancienne enveloppe.

Les anges sont des créatures à sang froid. Leur température corporelle ne saurait atteindre la moitié de celle d'un humain.

Nul Céleste ne sait tolérer l'atmosphère de l'Enfer. Les Élevés sont les plus vulnérables à cet environnement d'où suinte le mal le plus pur, frappés par une forte fièvre qui les terrasserait en quelques heures. Les Archanges voient leurs pouvoirs devenir incontrôlables, imprévisibles, voire aptes à se retourner contre eux. Quant aux Tourmenteurs, s'ils peuvent y séjourner sans paraître affectés, ils semblent une proie de choix pour la corruption pernicieuse, lente et vorace qui en émane.

Si les anges ont pris le pli de respirer lorsqu'ils sont sur Terre, ce n'est pas par nécessité, mais pour imiter les mortels. Les célestes peuvent survivre dans un lieu sans la moindre bouffée d'air.

Ils ne saignent pas. Lorsqu'ils sont blessés, c'est de la poussière d'or, d'argent, ou de l'air qui s'échappe de la plaie.

Si la progéniture issue de l'essence divine, Archanges et Tourmenteurs, est en mesure d'avoir des descendances avec les mortels, la Loi leur interdit l'acte de chair. Mais dans les faits, malgré la prohibition, certains célestes n'ont pas échappé à l'appel de la transgression et ont commis la faute ultime. Cette liaison impie donne un fruit qui qui naîtra dans les six mois célestes à venir, soit trente-six mois terrestres

S'ils aiment bien l'ambroisie ou le nectar, les anges n'y trouvent pourtant aucune subsistance. Pour survivre sur Terre, les élevés et les archanges doivent absorber l'énergie des vertus auxquelles ils sont affiliés. Au Paradis, les célestes se nourrissent de l'énergie véhiculée par Dieu.

Si elles sont insensibles aux poids des années, les créatures angéliques ne sont pas immortelles. Elles peuvent mourir des mains de leur Père, par les pouvoirs des Incarnations et de leurs Vices, et par l'empoisonnement au sang de ces dernières. Toute autre blessure ne saurait être fatale, quitte à anéantir l'enveloppe du Céleste : la guérison n'en sera que plus longue et douloureuse, mais toujours inéluctable

Les Archanges sont des êtres zélés et fidèles à Dieu. Très impliqués dans le bon fonctionnement du Paradis, ils prônent aux anges la foi en leur Père, l'amour de sa Création, le respect de la Loi, la pureté de l'enveloppe et de l'âme. Les Tourmenteurs, qui n'obéissent qu'au Créateur de toute vie, sont les éléments perturbateurs. S'ils se soumettent aveuglément aux ordres directs de Dieu, ils ne respectent ni les autres célestes, ni les hommes, ni les conventions sociales. Ils se montrent le plus souvent insolents et perfides à l'encontre de leurs supérieurs théoriques ou de ceux qu'ils considèrent de basse extraction. Les Élevés, qui représentent l'écrasante majorité de la population angélique, mettent beaucoup d'ardeur à la tâche et respectent les commandements divins et archangéliques. Comme ils étaient jadis des mortels, ils sont plus prônes aux extrêmes à leur encontre, entre la clémence et la compassion pour une part, et la condamnation et le jugement pour l'autre..

Tout n'est pas si parfait au Paradis. S'ils ne sont qu'un poignée, il existe toutefois des anges qui se détournent de la voie qui devrait être la leur : qu'ils s'amourachent des mortels, remettent en question des décisions ou actes de leurs supérieurs, du régent ou de Dieu, ou transgressent d'autres lois du Paradis, ils doivent restés cachés sous peine de subir l'implacable jugement céleste.  

Créatures de lumière, les enfants célestes se considèrent comme les bergers des hommes et de la création toute entière et les émissaires du Bien et de Dieu. Alors que certains agissent avec parcimonie et sagesse dans leur tâche, d'autres, pour ce saint office, utilisent le glaive pour purifier ce qu'ils considèrent comme anormal, corrompu ou égaré. Nombres d'humains, notamment les lignées dédiées aux arcanes, ou d'hybrides à la bâtardise impie se sont vus être la cible de leur fanatisme et de leur chasse perpétuelle, au même titre que les engeances infernales.  

L'art des arcanes est aussi naturel pour les Célestes que celui de la respiration pour les mortels. Leur essence, au diapason de l'harmonie de la Création, leur offre une compréhension innée, une intuition inégalable quant aux flux et courants qui la parcourent. Pourtant, ils n'usent que rarement de leurs dons pour l'altération et la transmutation des choses, des éléments, de la matière. Car tel est le souhait de leur Père, soigneusement préservé par ses premiers Enfants, les Archanges, dans le respect de l’œuvre divine parfaite. Parmi les rares instances où de telles mesures s'avèrent nécessaires, on peut compter l'instant où l'une des créations en viendrait à menacer la stabilité de l'ensemble, le respect d'une directive divine, la protection de sa vie sans disproportion ... et la lutte contre les fidèles de Lucifer, bien entendu. Quand bien même, depuis la Guerre Sanglante, les démonstrations les plus impressionnantes des arcanes angéliques, et tout particulièrement celles des Vertus, sont restées choses du passé, pour le soulagement des Élevés qui en ont été les témoins.  

Si la plupart des Elevés possèdent des connaissances communes en médecine, notamment l'emploi de plantes, cataplasmes et baumes, il existe bien un groupe de soigneurs dévoués, sous l'égide de la Charité. Ces célestes-là manient aussi bien l'ésotérisme que la chirurgie afin de soigner même les anges les plus gravement affligés, sans la moindre contrepartie, comme de bien entendu. La Peste à l'origine des Tourmenteurs marque l'unique, et retentissant, échec de la science médicale du Paradis.

L'esprit de l'humain moderne, contemporain, éclairé, "civilisé", ne saurait appréhender tant l'élégante simplicité des machineries célestes que la débauche complexe des constructions infernales. Par une ironie savoureuse, les intellectuels ont perdu ce que les érudits d'antan possédaient encore : la capacité à accepter la technologie et la magie, l'arcane et la science, le mystique et le physique. Car si l'outillage du Paradis et de l'Enfer ne pourrait être plus différent, ils s'accordent tout de même sur un point : une telle distinction est aussi futile que contre-productive.

Fidèle à leur éternel motto, les Anges déploient une technologie d’apparence et de fonctionnement harmonieuse, élégante, fiable et éprouvée. Elle prend sa source dans les premières découvertes des Archanges, des premiers instants de la Création, de la compréhension instinctive de l'oeuvre de Dieu par les aînés. Raffinée et ajustée pendant des millénaires, elle s'intègre discrètement dans leurs constructions, leurs habitations, leurs véhicules et leur quotidien. L'énergie provient directement de la trame du Paradis, subtilement captée dans la plus juste mesure, ni trop, ni trop peu. L'équilibre entre les besoins technologiques et la préservation des différents biomes est parfaitement assuré, surveillé et rectifié à la moindre crainte de bascule. Produits minéraux ou végétaux, courants telluriques ou aériens, nul ne saurait être mis en danger, même pour les plus grandes nécessités. Car telle est la Création de leur Père.

Mais si les qualités des Célestes s'expriment à travers leur ingénierie, leurs travers n'en sont pas absents. Chaque modèle, répliqué à de multiples reprises sans aucune variation autre qu'infime, comporte donc les mêmes limitations, voire les éventuelles failles. Cela ne fut jamais aussi apparent que lors de la Guerre Sanglante, face à la fourberie et l'imagination retorse des cohortes de l'Enfer. Le sabotage de certains systèmes sécurisant l'accès au Paradis, en l'une de ces occasions, causa des dommages colossaux, et la tragédie ne put être atténuée que par la vigilance de Sandalphon. Le conflit révéla l'autre faiblesse majeure des Anges : la difficulté à innover radicalement et rapidement face à l'imprévu, au-delà de simples altérations de leurs artéfacts. Même Raphaël, la Sagesse en personne, ne parvint qu'avec difficulté à surpasser cet écueil. Car les Anges regardent avant tout ce qui a été, et non ce qui pourrait être.

Prenez garde à ne pas en faire des simplets, ou des ignorants : leurs bibliothèques sont témoins de leur capacité à appréhender les concepts les plus obscurs, et les croquis et études d'engins infernaux capturés lors des affrontements démontrent une excellente compréhension de l’ingénierie démoniaque, parfois même au-delà de celle de leurs créateurs initiaux. Mais tant par éthique que par nature, ils ne sauraient aspirer à altérer la Création au-delà du seuil le moins néfaste. Leur tâche est de préserver ce qui reste, et de restaurer ce qui a été, pas d'améliorer l'Oeuvre déjà parfaite des premiers jours du cosmos.




Bouclier Transcendantal

L'une des défenses les plus subtiles du Paradis, mise en place par Sandalphon durant la Guerre Sanglante. Confronté à la menace de nouvelles incursions démoniaques, la Prudence fit construire une série de tours soigneusement dissimulées, afin de recouvrir chaque continent du Paradis d'un dôme de sorts finement tressés, difficiles à déceler. La moindre utilisation d'énergie émanant d'un Vice provoque immédiatement une accumulation des flux telluriques de la région, étouffant les pouvoirs et sapant les forces de l'intrus, et alertant sur-le-champ les forces armées des anges.

Canons coupe-magie

Fruit de la collaboration de la Prudence et de la Sagesse, ces armes massives ont déserté les bastions angéliques terrestres avec le début du Grand Jeu, pour garder les approches de la Cité des Anges. Alimentées par le pouvoir de l'artilleur, elles projettent une nasse de lumière pure à une vitesse fulgurante, frappant l'essence même de sa victime et s'y accrochant avec entrain. S'en dépêtrer n'est pas chose aisée, nécessitant plus de patience et de dextérité que de pouvoir et de puissance ... et surtout, du temps, que les Célestes peuvent mettre à profit pour neutraliser la cible.

Eo'Nefs

Il ne faut pas se fier au sublime apparat de ce navire, ni à son faux air de cathédrale. Les célestes utilisent ce bastion à des fins purement militaires. Né des pires décades de la Guerre Sanglante, altération d'un vaisseau à vocation d'exploration, une Eo'Nef est une véritable forteresse, capable tant d'encaisser que de déchaîner. L'Archange qui la commande, non content de disposer d'un point de commandement et de surplomber la mêlée, peut également alimenter de son aura un puissant rayon d'énergie, capable d'atteindre avec précision des ennemis à plusieurs milliers de lieues. De nombreux adversaires du Paradis ont été fauchés. Voilà plus de deux millénaires qu'elles dorment, soigneusement entretenues, prêtes à reprendre du service.

Sheeleb

Ces merveilles mécaniques sont aussi dangereuses que d'apparence inoffensive. D'une taille similaire à celles des premiers avions mortels qui commencent à sillonner les cieux, leurs couleurs vives, leurs ailes inspirées de libellules et leurs mécanismes épurés évoquent plus de jolis automates qu'une menace implacable. Grossière erreur. Car les vétérans infernaux se souviennent du bourdonnement de leur approche, du tonnerre de leurs attaques. Molosses capables d'opérer en autonomie pendant des semaines, les Sheelebs étaient lâchés à la poursuite des cohortes en déroutes, des rescapés d'un affrontement, des espions ou des groupes isolés dans les régions contrôlées par les Célestes, afin de les rattraper et de les éradiquer.

Vives Nefs

Construites dans la première décade d'existence des Archanges, fruits de l'amour d'un d'eux pour l'ondée et les flots, les premières Vive Nefs leur permettaient de voguer sur les mers et les océans du Paradis. Un siècle plus tard, et certaines s'élançaient à travers les cieux, mues par une machinerie complexe qui occupait l'essentiel de l'intérieur de sa coque, afin d'assurer tant le vol perpétuel de la nef que l'impact le plus ténu sur la délicate balance du Paradis. Elles restent encore le principal transport des anges, voyageuses infatigables, accueillant en duo des explorateurs, des érudits, des patrouilleurs, et bien d'autres encore.

Verset I
Toi, mon fils qui est doté d'ailes et qui peuple mon Royaume Céleste, tu n'auras nul autre maître que moi, ton Dieu bien aimé, le seul et l'unique. Celui qui t'a donné la vie. Celui qui t'a permis de t'animer comme tu le fais. Celui qui peut tout aussi bien te la reprendre un jour.


Verset II
Tu ne te feras point d'image taillée, ni de représentation quelconque des choses qui sont en haut dans les cieux, qui sont en bas sur la terre, où qui sont dans les eaux plus bas que la terre elle-même. Tu ne te prosterneras point devant elles, et tu ne les serviras point ; car moi, l'Éternel, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux, qui punit l'iniquité des pères sur les enfants jusqu'à la troisième et la quatrième génération de ceux qui me haïssent, et fais miséricorde aux mille prochaines générations de ceux qui m'aiment et qui gardent mes commandements.


Verset III
Jamais de moi et de mes ordres tu ne douteras ni ne contesteras. Tu obéiras aveuglement à mes commandements, à mes souhaits ou à mes enfants, ceux qui sont placés tout en haut de ta Hiérarchie. Tu ne viendras pas salir leur nom ou le mien par des paroles profanes ou blasphématoires.


Verset IV
Jamais tu ne prendras le nom de l'Éternel, ton Dieu, en vain ; car l'Éternel ne laissera point impuni celui qui prendra son nom. Mon Nom est unique. Il est ma possession. Il ne doit ni être bafoué ni être utilisé pour un autre idole.


Verset V
Tu accompliras toujours ton devoir avec précision, zèle et passion. Tu n'abandonneras point ta tâche en plein milieu ni la repousseras au lendemain. Tu ne devras pas non plus la confier à quelqu'un d'autre. La Paresse est un Vice qui ne doit pas te toucher, toi mon Enfant.


Verset VI
Comme je le fais pour toi, ton prochain tu aimeras de la façon la plus saine qui soit, afin que tes jours se prolongent dans le pays de l'Éternel. Tu ne devras pas l'aimer plus que moi, ton Dieu Unique. Ton amour entier m'est destiné. Il doit me revenir, pleinement, non taché d'amour pour autre entité que moi. Je suis l'unique être que vous devez chérir jusqu'à l'aveuglement.


Verset VII
Jamais, de ta propre initiative, tu ne devras blesser ou tuer l'un de mes enfants immortels ou mortels. Sache toutefois que tu as l'autorisation suprême de chasser les engeances du Mal. Tu es en droit de détruire leur enveloppe de chair. Mais il t'es interdit de mettre fin à leur vie sans mon décret.


Verset VIII
Jamais de péché de chair tu ne commettras, ne penseras, ne voudras, ni ne parleras à voix haute ou en tes plates pensées. Tes mains ne devront pas parcourir les sentiers interdits. Tu devras rester chaste et pur jusqu'à la fin de ta vie car telle est ma décision et elle est irrévocable. Je vous ai créé créature de pureté et mon œuvre doit rester ainsi.


Verset IX
Jamais tu ne voleras, ne casseras ou ne convoiteras les possessions de ton voisin, de tes amis, de tes proches ou même de tes ennemis. Je suis la seule autorité qui puisse confisquer les biens d'autrui, ou, en mon absence, les enfants placés au dessus de toi.

Verset X
Jamais tu ne mentiras, cacheras ou ne transgresseras les mandements de tes aînés. Tes propos doivent être sincères, dépourvus de fioritures et de louanges parasites. Tu t'abstiendras de voiler les récits utiles à la destruction des souillures d'en bas.


Verset XI
Jamais tu ne tenteras de profaner mon Palais et ses scellés. Tu ne viendras dans mon domaine que sous invitation. Aux pieds de mon trône, tu devras montrer patte blanche car moi, ton Dieu Unique, l'Eternel, abhorre l'atteinte à mon harmonie. Seuls mes enfants chéris, ma garde, sont en mesure de fouler les portes de ma chambre.


Verset XII
Tu prendras les hommes en pitié. Ces martyrs qui peuplent l'Entre Monde, tu les mèneras sur le chemin qui est le leur et tu les guideras malgré les péripéties qui se dresseront sur leur chemin. Tu les garderas au loin des vices des Profondeurs et de l'oubli du Néant.


Verset XIII
Mon œuvre divine, ma création en sa perfection, tu la chériras et tu châtieras les outrages que quiconque lui fera. Tu veilleras sur cette œuvre comme sur la prunelles de tes yeux. Tu chasseras quiconque bafouera sa seule existence.

• Depuis les origines du monde, il n'est pas permis de faire acte de promiscuité. Il est donc formellement interdit d'étreindre son voisin, de l'enlacer, de même simplement l'effleurer hors de tout acte dicté par la nécessité, telle que médicale ou martiale

• Les anges de même rang n'ont pas besoin d'user d'un titre honorifique entre eux. Ils utilisent simplement le nom donné à leur naissance céleste.

• La pratique de son art doit se faire dans sa cellule, loin des regards et de l'ouïe d'autrui. Dieu tolère la quête du beau, l'admiration de son œuvre et la recherche de discipline que les arts entraînent, tant qu'ils respectent sa Loi. Mais les exhiber n'est que vanité blasphématrice.

• Pour saluer le créateur, il est de coutume de s'incliner et de mettre son poing gauche fermé sur le cœur pour les Éminences. Les Élevés, par contre, doivent s'agenouiller devant lui.

• La prise de parole ne se fait que lorsque les Archanges ou le Seigneur l'a permis.

• L'utilisation du vous et d'un titre honorifique est primordial lorsqu'on s'adresse aux Vertus ou à Dieu.

• Ils est fortement interdit de les tutoyer ou de les interpeller par leur propre nom.

• Il est d'usage d'employer d'un Votre Grâce pour les Vertus, d'un Votre Régence pour Michaël, d'un Père Créateur, pour Dieu.

La justice angélique est bien plus implacable que celle des mortels. Il n'y a nul avocat, nulle plaidoirie, aucune défense plausible. Enchaînés, encadrés par deux gardes mutiques, les accusés sont amenés devant cinq Archanges choisis pour l'occasion, au sein desquels trône toujours Uriel, le juge divin. Le conciliabule n'implique ni témoins, ni même l'accusé, sauf pour de rares questions portant sur des points non élucidés, qui n'appellent que des réponses strictement factuelles. Aucune circonstance atténuante n'a jamais été reconnue, car nulle culpabilité ne doit être tolérée au sein des Célestes. Les coupables sont châtiés, les innocents relâchés, il ne peut y avoir de compromis. La décision est sans appel ni recours possible, et exécutée dans les instants qui suivent la décision.

Même chez les anges, tout n'est pas perfection. Ces êtres commettent des impairs, plus ou moins graves, plus ou moins variées. Si les infractions de premier ordre ne méritent que rarement un châtiment aux conséquences permanentes, celles de deuxième et troisième ordre ne méritent aucune retenue.

De premier ordre

• douter de Dieu, l'unique
• faire acte de laisser aller dans son rôle
• commettre un acte d'impudeur
• mettre en doute la parole du Régent Michael
• pratiquer son art autre que dans sa cellule
• jalouser les hommes ou les détester
• mentir sans servir les causes des Cieux
• négliger les intérêts du Paradis dans ses actes

De second ordre

• donner son amour à un mortel ou un enfant céleste
• provoquer la mort injustifiée d'un être humain
• se révéler au monde des mortels sans l'autorisation des Archanges
• vénérer sa propre Création
• perdre la foi en son Père
• s'offrir un plaisir interdit
• protéger une créature infernale
• désirer autrui
• salir le nom de Dieu ou sa parole
• considérer Lucifer comme un principe d'équilibre
• compromettre involontairement l'existence du Grand Jeu

De troisième ordre

• tomber amoureux d'une engeance démoniaque
• donner aux hommes les secrets du paradis
• tuer l'un de ses frères
• se rebeller contre Yahvé ou les éminences blanches
• accepter qu'un démon possède son être*
• tenter volontairement de rompre le Grand Jeu
• servir les intérêts d'une autre faction

*Note de l'admin : nous parlons ici de possession et non quelque chose de sexuel.

Ablation des ailes

Une sentence archaïque, des premiers temps qui ont suivi la Chute de Lucifer et ses affiliés. La crainte qu'elle suscite dans les esprits n'est nullement apaisée par sa tombée en désuétude, tant les souffrances animiques qu'elle engendre sont grandes, et les traumatismes spirituels et physiques éternels.

Procédure

Enfermé dans une pièce, tout de nacre vêtu, allongé sur une table de marbre, immobilisé par des liens d'un métal aussi terne que les runes qui y sont gravées, la victime ne pourrait pas se débattre dans une résistance futile. A la merci de l'exécutant qui officie à sa vue, elle ne saura que contempler l'arme à l'aura glaçante être préparée, brandie, puis abattue à deux reprises, ôtant les ailes et mutilant la grâce du condamné.


Impact sur le corps et l'esprit

Le Céleste privé de ses ailes voit sa grâce mutilée, lui ôtant tout recourt aux arcanes, pouvoirs et atouts des siens. Seule son immortalité, inhérente à son essence, ne saurait lui être ôtée ... hélas. Incapable de puiser dans la moindre Vertu venue d'ailleurs, il n'a d'autre choix que de se satisfaire de la sienne. Une éternité de rigueur ascétique lui assurant à peine de quoi survivre, ou une lente agonie en proie à une famine animique aux souffrances innommables, voilà ses seules options.

Festin de l'Aigle

Une condamnation rare, quoique encore d'actualité, elle est réservée aux quelques égarés à avoir volontairement ravagé la Création, ses êtres et ses merveilles, en pleine conscience du crime mais sans intention de trahir. Un rappel sans indulgence de l'hubris que représente un tel acte sans le commandement direct du Père ou de son Régent.

Procédure

L'être céleste, matérialisé sous sa forme de chair, est offert nu et attaché à l'aigle de Galémie. Le rapace observe sa proie de ses prunelles dorées avant d'enfoncer son bec acéré dans la chair tendre du poitrail. Sans compassion imméritée ni cruauté malvenue, il dévore le cœur de sa proie, durant cinq longs jours, sans répit. Maintenu en vie et régénéré dans l'instant, le supplicié ne pourrait être délivré par la faucheuse elle-même. A l'aube du sixième jour, il est délivré.

Impact sur le corps et l'esprit

L'ange n'oublie jamais la douleur du bec fouillant les chairs et dévorant une partie de son être, de son essence comme de son âme et de son corps. Le respect dû à la faune, la flore et toute œuvre de Dieu est désormais inscrite dans les tréfonds de son esprit, le traumatisme prêt à se rappeler à la moindre transgression..

Déchéance

Par une mobilisation incessante, Gabriel est parvenu il y a plusieurs millénaires à substituer ce châtiment à l'ablation, malgré l'opposition farouche d'Uriel. Plus clément à l'aune des normes célestes, ce compromis ne satisfait ni la Charité, ni la Justice, mais n'en est pas moins la condamnation d'usage pour les crimes de troisième degré, et certains du deuxième.


Procédure

Lorsque le châtiment est prononcé, des archanges vêtus d'opaque traînent le condamné jusqu'aux Portes du Paradis. Sans proclamation ni annonces, ils projettent leur fardeau à travers le Néant, droit vers le plan Terrestre. Les ailes enchaînées, la chute semble durer une éternité, la solitude absolue du vide et l'érosion de son essence pour seules distractions. L'arrivée sur Terre finit alors de consumer ce qu'il reste d'angélique, ne laissant qu'une enveloppe scarifiée et un être déchu, dépouillé de la moindre once d'aether.

Impact sur le corps et l'esprit

Si la souffrance est grande, elle n'est que mineur en comparaison de la perte du moindre repère. Mortel, portant les séquelles du voyage dans sa psyché et dans la chair de son corps malmené, l'ancien Céleste est livré à lui-même dans un monde inconnu. Tout un univers à reconstruire, dans une enveloppe défectueuse abritant un esprit traumatisé. Un nouveau départ aux épreuves presque insurmontables, mais une infime lueur d'espoir : voilà la maigre concession que la Charité est parvenue à obtenir.

Anachorète

Le châtiment le plus fréquent pour les délits de premier degré, pour les Célestes qui ont fauté par manque de savoir ou mauvaise réflexion, non par négligence, nonchalance ou volonté de briser les règles. En vérité, il n'est pas rare de croiser un ange l'ayant subi par le passé, tant le respect des nombreuses règles inflexibles du Paradis est difficile à arbitrer devant la complexité de la Création, et tout particulièrement les mortels.

Procédure

Le coupable est dépouillé de toutes ses possessions, arcanes et pouvoirs scellés par des runes tracées à l'encre pâle. Revêtu d'une tunique d'un gris blafard et terne, il se voit assigner une retraite vers laquelle il doit cheminer à pied et où il doit contempler ses erreurs pendant aussi longtemps que ses juges l'estiment nécessaire. Un tel exil peut aussi bien se dérouler dans une cellule vide qu'une alcôve de bibliothèque ou une parcelle d'une des régions sauvages du plan céleste, selon l'erreur commise et les sentiers physiques et spirituels qu'il devra parcourir. A la fin de la sentence, qui peut s'étendre à plusieurs siècles célestes sans la moindre difficulté, il est à nouveau convoqué devant les magistrats. En l'absence de réponses satisfaisantes, la sentence est renouvelée.

Impact sur le corps et l'esprit

Minime, en vérité, particulièrement à l'aune des condamnations les plus sévères. Si la solitude et l'ennui peuvent peser à la longue, il est rare que les séquelles soient réellement perceptibles. En revanche, la patience des éminences du tribunal est souvent l'une des principales victimes. La récidive n'est jamais tolérée, et d'autres sanctions plus radicales ne manqueraient pas de s'abattre sur l'inconscient.

Pâtre gardien

L'une des sentences favorites des archanges dès lors qu'un Céleste faillit gravement à ses devoirs envers les âmes humaines à élever vers le Paradis et la condition d’Élevé. Provoquer la mort inopportune de mortels inaptes à rejoindre les rangs des anges, négliger ses devoirs de guide et les laisser être séduits par les Vices, ou s'abstenir de promouvoir sa Vertu lors de ses séjours sur Terre sont quelques unes des fautes pouvant amener ce jugement immédiat.

Procédure

Le fautif est exilé sur-le-champ du Paradis, avec pour seules paroles le nom et la description d'un mortel particulièrement marqué par les Vices. Seule sa rédemption et son ralliement à l'une des Vertus permettra aux portes célestes de s'ouvrir à nouveau pour l'ange, une fois l'humain décédé et son âme arrivée avec succès sur le plan céleste, le tout dans le respect du Grand Jeu et sans aide de ses frères et sœurs. L'échec n'est toléré que devant des preuves irréfutables de l'effort sans compromis ni retenue du pénitent des Cieux, lui garantissant dès lors le droit à une nouvelle tentative. A défaut, il est ramené devant ses juges pour y subir la Déchéance.

Impact sur le corps et l'esprit

Imprévisible. Le Grand Jeu est aussi impitoyable et létal que délicat à pratiquer, dans des circonstances idéales, et celles du Pâtre gardien ne le sont jamais. En solitaire, devant un mortel récalcitrant et avec le voisinage probable d'Infernaux alléchés par une âme aussi viciée que celle de sa brebis égarée ? Rares sont les condamnés à s'en sortir indemnes, si vivants.