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Anonymous

Pour découvrir ce qui a changé Empty Jeu 6 Avr - 18:12

L'eau gouttait sur les rebords de la capuche qui composait son manteau de cuir noir. La pluie ne cessait de tomber depuis la levée du jour. Grommelant de sa malchance, Mirko était en train de se demander si les éléments n'avaient pas décidé de se liguer contre lui pour lui faire payer son retour. Il était revenu à Venise depuis quoi... quelques jours seulement, et outre l'agaçante rencontre avec un Infernale, la pluie était toujours présente quand il mettait le bout du nez dehors. Après quelques jours de repos dans une des grandes demeures de sa famille, pour son premier jour de reconnaissance dans les rues de la cité lacustre, il devait se taper de la pluie... Il aurait pu décider de reporter cette sortie, pour guetter un temps en journée plus sec, plus propice à cette ''promenade''. Mais il y avait ce besoin, la nécessité qu'il ressentait au fond de lui de voir comment le temps avait marqué la ville. Il avait besoin aussi de se remémorer certains chemins, certains passages qu'il prenait autrefois, de voir et évaluer la zone.

On pourrait se demander pourquoi un homme de son rang se souciait de cela. Mirko n'était pas un mortel comme les autres. Il était déjà présent, jadis, quand les premières masures de pêcheurs occupaient les côtes de ces eaux. Le sable du Sablier du Temps s'était longuement écoulé, quand il terminait de faire le point de ses souvenirs. Et aujourd'hui, pourquoi perdrait-il du temps à se préoccuper de ce qui avait changé et évolué ? Ou à l'inverse, avait disparu ou rétrogradé ? Oui, pourquoi ? La question que sa conscience se posait n'avait pas l'entièreté de la réponse. Venise était toujours debout, n'ayant plus sa superbe et sa suprématie d'autan, mais elle tenait bon. Elle n'aurait plus jamais son poids politique et commerciale d'autrefois, mais elle demeurait, joyau antique dans son écrin d'eau et de boue, qui s'était terni aux années passant. Le Mageias y avait vécu si longtemps qu'il ne pouvait se résoudre à totalement la délaisser. Il était revenu, et dès le premier jour, d'avoir croisé Azazel n'était pas un bon signe à ses yeux

Resserrant son manteau sur ses épaules, le vieux borgne s'enfonça dans les ruelles du Ghetto. A chaque pas qu'il posait dans ce quartier, son oeil valide notait les changements qu'il constatait... jusqu'à se poser sur la devanture d'une boutique. Ses sourcils se froncèrent. Il ne pourrait pas se contenter de se promener pour noter les changements, il devait aussi entendre de la bouche des mortels ce qui se disait, ce qui se faisait dans les fondements obscurs de la société actuelle. Certains diront que ce n'était pas là une idée prudente. . Mirko s'en fichait quelque peu. Bien que vêtu martialement, ses atours étaient sobres et obscurs, donc il attirait moins l'avidité sur sa personne.

Bien et s'il entrait ?
Achab Sconosciuto


Achab Sconosciuto
Essences : 270
Arrivée en ces terres : 18/03/2023
Missives : 19

Pour découvrir ce qui a changé Empty Sam 3 Juin - 9:34


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Pour découvrir ce qui a changé
Un bon chandoo se gonfle en une bulle d’une belle teinte ambrée et d’une odeur agréable.— (Ernest Martin, 1893, L’opium: ses abus, mangeurs et fumeurs d’opium, morphinomanes)  feat. Mirko




Il l'avait reconnu dès qu'il l'avait entendu.

Il fallait se méfier de la pluie à Venise.

Si la ville avait sa beauté, irriguant les étrangers de son charme, les habitants savaient que l'eau était leur ennemie. Même si Achab n'était pas né ici, il avait conscience qu'à tout moment, sa frêle boutique et ses tableaux pouvaient se retrouver détruits par l'eau. Cela avait sa beauté.

Et que ferait-il si cela arrivait ? Il changerait d'endroit. Il recommencerait depuis le début. Encore.

Le bruit de la pluie claquait contre les volets, le vent sifflait dans son grenier. L'humidité rendait la pièce désagréable et froide, moite ; le bois était gorgé de sa présence. Des moisissures menaçaient de grimper les murs. Pour autant, dans cette obscurité maladive, Achab se sentait en sécurité. Comme le fond d'une cale de bateau. L'homme posa le pinceau, il n'accordait pas d'attention à ce qu'il était en train de peindre. Du reste, si son oeil fatigué de la vie était créatif, il restait aussi sombre que les abysses.

Alors le vendeur d'opium renfila ses vieilles bottes. Les lacets abîmés et le cuir bouffé par les années contrastaient avec l'ensemble de sa tenue. Si Achab n'était pas beau, il veillait à son apparence. Du noir, toujours, mais des détails dans le tissu de ses vestes et de ses chemises. Il descendit dans sa boutique. Il rangea une chaise plus tout à fait en face de la table, il passa la main sur son comptoir. Il fit un tour dans l'arrière-boutique pour vérifier que tout est bien en place. On ne savait jamais. Il se placardait dans sa boutique, à se protéger de l'extérieur, mais pour autant, il avait la sensation qu'on le suivait. Les menaces n'existaient que dans son cerveau, un reste du traumatisme dans ses chairs.

Avant d'ouvrir sa boutique, Achab en sortit. Il cacha son visage dans une large cape, avant de faire un tour. Il appréciait la quiétude de la ville quand elle dormait encore. Et à cette heure-ci, il ne croiserait que les rats malades et les carabinieri. Soit ils sortiraient de bordel, soit ils viendraient s'en prendre aux pauvres hères d'ici.

La pluie s'éclatait contre ses larges épaules, elle redessinait les traits de son visage tanné par le sel marin. Il en profita pour fumer sous une arche, à contempler le vent faire bouger les vagues dans l'un des cours d'eau. Il observa quelqu'un à sa fenêtre, qui était en train de remettre de l'ordre dans ses plantes. La pluie allait et venait, comme la vie. Au soir, il irait faire la tournée des bars pour se saouler ou se bagarrer ; il n'en avait encore rien décidé.

Puis Achab s'en retourna chez lui. Au bout de la rue, il remarqua aussitôt la silhouette devant sa boutique. Il plissa ses yeux de fouine, et son pas silencieux se glissa juste derrière l'inconnu. Pour autant, sa voix fut détendue, sa face souriante, lorsqu'il lâcha un simple :

« Bonjour, puis-je vous aider ? »






by lilie