Livret V : Le choeur infernal

Les Déchus sont d'anciens Célestes, archanges ou anges, qui se sont détournés du Père et se sont affiliés à Lucifer.

Les Damnés sont d'anciennes âmes de mortels, attirées vers les Enfers par le poids de leurs vices.

Les Incarnations sont pour la plupart les premiers Archanges déchus, ceux qui ont découvert les Vices, mais certains damnés peuvent parvenir à s'emparer de cette position.

Si les premiers Infernaux, déchus de leur grâce céleste, parlaient l'enochien des premiers temps de la Création, ils délaissèrent rapidement cette langue des esclaves du soit-disant Dieu à leur arrivée en Enfer. Le démonique qu'ils emploient est aussi difficile à appréhender pour un non-initié que déplaisant pour des oreilles mortelles ou angéliques. Ses sonorités changeantes, tour à tour crissantes, gutturales, sifflantes et rocailleuses, ses variations de ton sans logique apparente et ses multiples registres d'argot et de dialectes s'assurent de rendre l'expérience vite insupportable. Sauf à vouloir les tourmenter, une occurrence fréquente, les Infernaux s'adressent d'âme à âme aux mortels, ou emploient les langues terrestres.

L'apparence véritable d'une Incarnation est celle d'un être colossal, irradiant de puissance et de pouvoir. Si cette forme astrale est bien souvent leur favorite, tant elle leur permet de déployer l'étendue de leur Vice, elle ne conserve guère plus qu'une vague allure humaine. Au besoin, elles conservent  une forme bien plus sobre, celle d'un mortel enveloppé d'un halo d'une couleur propre à chaque Incarnation, avec quelques autres traits plus ... inhabituels chez les terrestres.

L'apparence d'un Déchu dépend du rang céleste qu'il occupait. Les anciens archanges possèdent la même dualité de formes que les Incarnations, mais l'astrale ne rayonne pas d'autant de majesté, en plus de toujours arborer d'immenses ailes d'ébène ou de jais. Les Elevés transfuges, âmes mortelles devenues anges, possèdent aussi des élytres, quoique dans des dimensions plus respectables, et une apparence d'une humanité certaine, quoique magnifique.

Les Damnés ne sont que variation et hétéroclité. Si les probabilités de tomber sur deux apparences identiques ne sont pas impossibles, elles sont extrêmement faibles. Des humains dotés d'un seul attribut surnaturel côtoient des êtres qui ne conservent que de maigres vestiges de leur ancienne existence mortelle. Une seule constance : leur forme est le reflet profond de leur âme.

Les Infernaux sont prônes aux importantes hausses de températures, surtout dans le plan infernal. Elle peut varier de celle d'un mortel fiévreux à un four en pleine cuisson, selon le moment et l'engeance.

L'atmosphère du Paradis leur est désagréable, mais rarement mortelle, sauf à y séjourner bien trop longtemps. Déchus et Incarnations d'origine archangélique éprouvent d'intenses difficultés à y employer leurs pouvoirs, même sous des formes banales, et une intense douleur spirituelle à l'absence de leur Grâce. Les âmes d'origines humaines, damnées et étrangères au Royaume, sont frappées d'une somnolence qui, si elle peut initialement être écartée sans guère d'effort, peut finir par les emporter à jamais s'ils y séjournent plus de quelques jours.

Si les démons ont pris le pli de respirer lorsqu'ils sont sur Terre, ce n'est pas par nécessité, mais pour imiter les mortels. Les infernaux peuvent vivre même dans un lieu sans air à contrario des êtres humains.

Lorsqu'ils sont blessés, c'est du gaz, de l'acide ou des braises qui s'échappent de la plaie.

Seuls les transfuges du Paradis peuvent engendrer une descendance en s'accouplant avec des mortels, les Damnés étant incapables de procréer. L'union donnera naissance à un enfant dix-huit mois infernaux plus tard, soit trois mois terrestres. De telles unions ne sont jamais formellement interdites, mais rarement soutenues par Lucifer. Les éventuelles répercussions (souvent liées au sort de la progéniture et son parcours) devront pleinement être assumées par le parent éternel.

S'ils peuvent apprécier les mets de la Terre ou les fruits des Enfers, les démons n'y trouvent néanmoins aucune subsistance. Pour survivre longtemps sur Terre, ils doivent quotidiennement dévorer l'énergie des vices auxquels ils sont affiliés. En Enfer, ils se nourrissent de l'énergie du plan infernal lui-même, canalysée par les Incarnations et leurs Vices, Lucifer en tête.

Les Infernaux ne sauraient succomber aux siècles et aux millénaires, mais ils ne sont pas strictement éternels pour autant. Les pouvoirs des Archanges majeurs et, par le biais de leurs Vertus, des autres Célestes, l'inhalation du "sang" d'ange en trop forte dose et les pouvoirs mystérieux d'Elysion, l'une des régions du plan Infernal, peuvent en venir à bout. Toute autre blessure, même à en anéantir leur enveloppe, ne saurait les terrasser, aussi douloureuse ou dévastatrice soit-elle.

La fidélité des Déchus envers Lucifer est proverbiale, qu'elle provienne d'un zèle sincère ou d'une acceptation lucide de leur condition. Véritable père de substitution, lui seul a su leur fournir un substitut à la perte de leur Grâce, lui seul assure la survie de leur essence et de leur âme. Des frictions plus ou moins acerbes sont inévitables avec le reste de l'Enfer, aux allégeances bien plus incertaines, et un mépris acéré à l'égard des troupeaux mortels affiliés aux Cieux.

Les Incarnations, officiellement affiliées à Lucifer, premier d'entre elles, règnent en souverains incontestés sur leur propre domaine. Une balance délicate et instable régit leurs rapports, tant entre elles qu'avec le reste des êtres sentients, entre leurs inimitiés et leurs affinités, leur haine commune du Paradis, leurs intérêts, leurs plans et leurs caprices.

Assurer leur survie, puis leur existence, voilà la préoccupation essentielle des Damnés, pour un jour, une décennie, un siècle. Naviguer entre les strates d'autorités infernales, maintenir sa position ou l'améliorer, protéger tant sa vie que ses possessions ... autant d'objectifs si simples, et si difficiles à atteindre. Si les complots, mensonges et trahisons sont monnaie courante, en abuser n'est guère avisé. Les traîtres notoires ne sont guère mieux lotis que les naïfs patentés

Si la notion de déviance ne porte sans doute pas le même poids que pour les mortels, sans parler des Célestes, elle existe bel et bien pour les Infernaux. Rompre les quelques lois édictées par Lucifer ou contredire les injonctions de ces supérieurs n'est dangereux qu'à condition de se faire prendre et peut même être couvert par l'intervention intéressée d'une des Incarnations ; il n'en est pas de même pour le Grand Jeu. Une majorité, à défaut d'un consensus unanime, se prononce encore en sa faveur parmi ces autorités suprêmes des Vices, et nul ne saurait  s'y opposer de front, pas même l'une d'elles.

Affranchis de la férule du tyran et de ses règles étouffantes, les rejetons infernaux sont les augures du triomphe de la liberté de chaque être, de la libération des désirs et des pulsions. Le changement, l'altération, le progrès et l'évolution des êtres comme de la réalité sont célébrées tant qu'elles n'empiètent sur les intérêts des puissants. Leurs vues sur les mortels varient, entre troupeau aveugle à piller, esclaves asservis à libérer des mensonges du Père ou divertissements exquis. Si certains se pensent en authentiques libérateurs d'une Création opprimée, nombreux ne revêtent cette posture que pour assouvir leurs menées.

L'apprentissage des arts ésotériques infernaux s'apparenterait à celle d'un bambin, si ledit marmot risquait sa vie à chaque pas maladroit. Si tous savent d'instinct percevoir ces courants et agir sur les choses et les êtres qui les entourent, l'anticipation des résultats et des conséquences, tant pour l'objet  que pour leur propre essence, ne s'acquiert qu'avec l'expérience. La maîtrise des plus anciens résidents de l'Enfer reste fragile, une balance délicate entre la connaissance acquise et la perception des nouvelles tendances et des altérations qui se dessinent. Nonobstant les précautions pour la préservation de soi et de la propriété des autorités supérieures, la pratique des arcanes n'est nullement interdite, voire même encouragée. L'occulte imprègne la société infernale au quotidien, des démonstrations les plus discrètes et banales aux plus impressionnantes et spectaculaires, lorsque les Incarnations déchaînent leurs pouvoirs, par nécessité ou amusement. Il n'y a que lors de leurs séjours terrestres que les Démons font preuve de retenue, par respect du Grand Jeu imposé.

Il est de bon ton pour chaque infernal de savoir se prodiguer les premiers soins, mais les médecins n'en sont pas moins une profession aussi nombreuse que prospère. Utilisant tant une science médicale très avancée que des sortilèges innovants, leur tâche n'en est pas moins délicate, entre les blessures très variées de leur clientèle, les mutations fréquentes des maladies, les poisons subtils qui prolifèrent ... et les complots dans lesquels ils peuvent s'immiscer en pratiquant leur métier et leur gagne-pain.

La technologie des Infernaux est à des éons de l'élégante discrétion céleste. Exubérante, elle vocifère son existence aux yeux de tout être doté d'un zeste de perception des arcanes. Une débauche d'énergie et d'assemblages, de leviers ou de glyphes, de matériaux et d'éthers, une gamme infinie et hétéroclite d'assortiments et d’œuvres. Mais cette profusion ne devrait faire oublier l'essentiel : chaque création, chaque conception recèle plus de secrets et d'atouts qu'il n'y semble au premier abord. Le chaos n'est qu'apparent ; bien plus que chez les Anges, chaque élément a été pensé, réfléchi, agencé et disposé pour un motif pragmatique, une raison primordiale : canaliser, maîtriser et orienter la vitalité au potentiel cataclysmique de l'Enfer.

Propulsés sans avertissement ni retour dans un monde dont ils ignoraient tout, les premiers occupants de l'Enfer n'ont eu d'autre solution que de tester, d'expérimenter, de découvrir eux-mêmes les principes et lois tant ésotériques que matérialistes de leur nouveau plan d'existence. A l'opposé de la prudence angélique, leur science s'est bâtie sur un principe simple : "Impossible de savoir sans avoir testé". L'histoire démoniaque est ponctuée de découvertes spectaculaires et d'échecs retentissants, de ratés misérables et d'avancées minuscules, de surprises et de déconvenues. Si certains des plus hauts gradés parviennent tant bien que mal à instaurer un minimum de rationalité dans le chaos ambiant, même Lucifer ne saurait empêcher la prolifération des modèles et des variantes, l'apparition constante de nouvelles machineries et armements. En conséquence, la réparation et la coordination de ces innombrables spécimens, bien souvent tellement modifiés qu'ils en deviennent uniques, n'est jamais une sinécure. L'incertitude de leurs performances, la propension à tester des prototypes en conditions réelles, la lutte effrénée pour grappiller une once de pouvoir entre les différentes factions d'ingénieurs et de fabricants ont causé bien des déboires à la cause de chacun des Vices, parfois plus qu'une représailles céleste.

Et pourtant, leurs adversaires doivent reconnaître l'efficacité certaine des trouvailles infernales. Chaque problème a rencontré sa solution, chaque obstacle a été surmonté ou contourné. La pléthore d'inventions rend toute contre-mesure éphémère, vouée à ne fonctionner que contre une poignée d'exemplaires. En délaissant toute contrainte esthétique, les Démons se concentrent sur la robustesse, la redondance des systèmes et des sécurités. S'il acceptent le risque, l'embrassent même comme inhérent à leur habitat, leur société, leur idéal, ils s'efforcent autant que possible de le prévoir et de l'anticiper. Tout est bon pour triompher, mais une victoire perd de sa superbe quand le vainqueur est trop mort pour la célébrer.


Uwylls

Ces drônes sont une vision si familière pour les infernaux que peu daignent lever le regard à leur vrombissant passage, sauf à en être le destinataire. Fidèle à l'adage "le temps c'est de l'argent", Astaroth a vite réalisée qu'il était incroyablement lucratif de monnayer cette denrée si rare pour ses clients les plus empressés ou désespérés. Depuis quelques décennies, les raffinements des industries de l'Avarice ont abouti à la mise au chômage des livreurs biologiques, animaux ou démoniaques, au profit de ces machines, sauf pour les marchandises les plus sensibles. D'une dimension adaptée à leur cargaison, de quelques kilogrammes à plusieurs tonnes, ils sont fiables, véloces et relativement discrets, parfaitement anonymisés, impossibles à distinguer sauf à la taille ... et un service incroyablement onéreux pour sa clientèle. S'y attaquer est risqué, non pour leur armement inexistant, mais pour la hargne avec laquelle l'Avarice poursuivra le payement de la facture.

Arladiams

Conçus dès le début de la Guerre Sanglante, ces lourds et imposants aéronefs n'ont connu qu'une unique vocation au travers de leurs différents modèles : guerroyer. Si les premiers modèles arboraient balistes aux dimensions colossales, proue dotée d'éperons et même immenses corbins, l'idée archaïque d'un abordage a été vite abandonnée. L'actuelle déclinaison, avec ses vastes moteurs alimentés d'aether, son blindage capable d'encaisser la furie d'un Archange pendant  une longue minute, et ses multiples tourelles assurant une puissance de feu colossale, n'a guère plus de deux siècles infernaux et s'inscrit dans une vaste doctrine militaire développée par Bélial et d'autres Incarnations plus discrètes. Grand Jeu ou pas, l'Enfer continue d'affûter ses armes.

Bahaaras

Ces engins moteurs terrestres furent rapidement pensés pour les engeances démoniaques sans ailes. Il fut recensé qu'une globalité d'entre deux voyaient leur flamme de vie s'éteindre par une fâcheuse rencontre avec la faune et flore infernale, au cours de leur périple. Afin de pallier à ces pertes, qui pourraient être catastrophiques, dans le temps, les ingénieurs créèrent les Bahaaras. Sa cabine peut accueillir entre un damné à une dizaine. Pratiques et rapides, ces véhicules fendent les terres, à plus de 500 km/h.  


Daramas

L'aspect brinquebalant, les machineries et engrenages apparents de ces reliques d'un autre temps cachent en réalité l'histoire de précurseurs. Premiers aéronefs à s'émanciper des volontés des courants aériens et aéthériques, ces vaisseaux d'une taille respectable sont encore véloces, capables de transporter passagers et marchandises sur de vastes distances ... s'ils ne sont pas victimes d'un accident. Notoirement capricieux, aux mains de propriétaires dépourvus d'autre choix, seul un suicidaire l'utilisera sans un mécanicien de talent à bord ... et la nacelle inférieure parfaitement entretenue, capable de léviter un bref moment et de survivre aux pires chocs. Son armement léger est juste suffisant pour tenir à l'écart la plupart de la faune volante infernale

Cybël

Anciennes terreurs des premières batailles de la Guerre Sanglante, capable de faucher des rangs entiers de soldats ou d'anéantir d'un poing les murailles les plus solides, ces golems sont désormais bien obsolètes. Aussi robustes soient-ils, et ils le restent à l'aune des armements les plus avancés, leur lenteur imposée par leur conception anthropomorphe et l'inefficience des tentatives de reconversion en supports d'artillerie ne leur laissent guère d'usage dans ce domaine. Ironiquement, il n'est pas rare d'en croiser occupés à oeuvrer pour élever ou détruire infrastructures et bâtiments, leur puissance prodigieuse parfaitement adaptée à cette tâche ... quitte à ce qu'un accident vienne écraser un rival gênant.

Eyoqë

Grande fierté de Belphegor, ces artefacts animorphiques symbolisent autant le statut de leur propriétaire qu'elles le protègent avec une efficacité redoutable. Bardés d'enchantements, leur carcasse forgée dans les métaux les plus robustes de l'Enfer sert d'ancre au spectre d'une créature préalablement asservie et assujettie à la volonté de la Paresse. Fidèles, vigilants, infatigables et excellents combattants, ils sont réservés à son usage personnel ou offerts en de rares faveurs. Petit luxe dont il sait profiter, à moins d'anéantir complètement sa création, il est aisé d'en récupérer l'esprit et de l'insérer dans une nouvelle enveloppe, préservant la mémoire, l'expérience (et les efforts de conception). Des modèles similaires, quoique moins efficaces et à usage unique, commencent à être commercé pour son plus grand déplaisir, d'aucuns y voyant la main de l'Avarice  sans pouvoir le prouver.

Verset I
Tu ploieras le genou en ma présence, quelque soit ton rang. Car je suis ton seul maître, tu t'adresseras à moi en manifestant l'allégeance et le respect qui me sont dus

Verset II
Moi, Lucifer, suis ton souverain pour les siècles des siècles, l'architecte de ta renaissance, le Créateur de ton refuge. Le suprême juge des âmes, l'ultime autorité sur ton destin et ton éventuel trépas. Ne l'oublie jamais.

Verset III
Toi qui a reconnu la valeur des prétendus Vices, tu ne cesseras jamais de guider les mortels vers la Vérité que les servants de l'Apathique souhaitent leur cacher. Tu consacreras tes efforts à les détourner de la voie blafarde et mensongère des Célestes pour les guider sur celle de ton Affinité.

Verset IV
Car ma volonté est suprême et ne saurait être défiée, tu te plieras à mon verbe, qu'il te soit mandaté par l'aether, la parole ou la plume. Tu n'iras à l'encontre de mes ordres et commandements sous aucun prétexte fallacieux

Verset V
Tu n'oseras t'accaparer mes Enfants, les rescapés de la folie de Yahvé, ni éteindre leur existence. Ce pouvoir, moi, leur Père, suis le seul à le détenir.

Verset VI
Tu respecteras le Jeu mis en place avec les arrogants du Paradis, qu'importe les circonstances, car telle est ma Volonté, qui ne saurait être contestée.

Outre le respect des rares lois énoncées plus haut, la règle de conduite principale dans la société infernale peut se résumer ainsi : "N'énerve pas plus fort que toi". C'est un art souvent complexe, mais indispensable à maîtriser pour survivre et prospérer.

Il est impératif de s'incliner devant le souverain des Enfers, mais le degré dépend de son propre rang. S'il est rare que les autres Incarnations ne daignent plus qu'une brève inclinaison du buste, pour son grand déplaisir, les autres sont vivement invités à ployer, voire à se prosterner.

Pour s'adresser à Lucifer, il est d'usage d'employer un Père Rédempteur pour ses Déchus. Le reste de la population infernale ne saurait employer un tel titre sans le courroucer : Votre Majesté Flamboyante ou Votre Altesse Messianique sont appréciés, entre autre exemple.

Chacune des Incarnations restantes impose son propre code de conduite, des plus formalistes et rigides aux plus lâches et informels, à leurs affiliés, et il en va de même à chaque palier de la hiérarchie. Enfreindre une règle peut s'avérer autant anodin que mortel, selon la personnalité ou même l'humeur du jour de son supérieur.

Souvent capricieuse, toujours implacable, telle est la justice infernale. La présence d'un avocat n'est que rarement acceptée, et d'une inutilité flagrante. Être traduit en justice signifie avoir piétiné l'orteil métaphorique (ou pire) d'une des Incarnations, et aucune plaidoirie ne sauvera l'infortuné de la sentence, tout juste pourrait-elle divertir le temps du rapide procès. Chaque Incarnation s'occupe de juger les fautes de leurs affiliés, sauf  si crime tant infâme à ses yeux que l'Orgueil en viendra à exiger de châtier lui-même l'impudent. En dehors de ces occurrences, Lucifer ne statue que lorsque l'affaire implique un Déchu ou un autre pilier des Vices. Les occasions d'un tribunal collégial ne sont du reste pas si rares, nombre de crimes impliquant des affiliés de plusieurs Vices, et sont souvent l'occasion de débats spectaculaires entre les magistrats, tant dans les volumes sonores que les démonstrations de puissance. L'audience peut être permise, selon la confidentialité de l'affaire, à des fins d'avertissement, d'exemple ou de divertissement.

Si les infractions de premier ordre ne méritent que rarement un châtiment aux conséquences permanentes, celles de deuxième et troisième ordre ne méritent aucune retenue.

De premier ordre

• manquer de respect à Lucifer
• voler ou trahir une incarnation
• faire acte de laisser-aller dans son rôle
• mettre en doute la parole du Roi Infernal
• négliger les intérêts de l'Enfer dans ses actes
• mentir aux Incarnations ou à Lucifer

De second ordre

• s'en prendre aux protégés de Lucifer
• provoquer la mort injustifiée d'un être humain
• se révéler au monde des mortels sans l'autorisation des Incarnations
• compromettre involontairement l'existence du Grand Jeu
• s'en prendre sciemment aux créatures célestes
• salir le nom de Lucifer
• se soumettre à l'autorité de Dieu

De troisième ordre

• tenter volontairement de rompre le Grand Jeu
• détruire le matériel militaire
• essayer d'empoisonner les Piliers du Vice
• assassiner les favoris des incarnations
• tuer une créature céleste
• tomber amoureux d'une engeance angélique

La Fosse

Le châtiment le plus fréquent pour les délits de second degré, pour les infernaux qui auraient eu le malheur de provoquer l'harassement de leur gouvernant, de trop nombreuses fois.

Procédure

Le Damné se verra assigner l'arme de son choix. Cela peut aller d'une simple épée à une massive hache. Une fois pourvu de son instrument de combat, des chaînes qui ne peuvent être cassées, sont passées aux poignets et chevilles du fautif. Il devra alors batailler pour sa propre survivance contre les bêtes de l'arène. S'il parvient à occire le dernier ennemi, il sera considéré comme libre.

Impact sur le corps et l'esprit

Privé de ses propres pouvoirs, l'entité devra faire face à une mortalité et vulnérabilité non désirée. S'il n'arrive pas à aller contre les désagréments des chaînes, il ne pourra vaincre la flopée d'adversaire et s'en sortir vivant.

Travail communautaire

L'une des sentences les plus usitées pour les crimes de moindre importance. De par son utilité et par sa nécessité, les Incarnations l'utilisent généralement, pour s'offrir une main d’œuvre gratuite.

Procédure

Il n'y a pas véritablement de procédure pour ce châtiment outre qu'on offre au coupable, une pioche créée dans le métal le plus dur de l'enfer et on le sommer de creuser la roche pour en extraire les matériaux désirés.  

Impact sur le corps et l'esprit

Minime comparé aux châtiments les plus graves. Bien qu'ils doivent affronter quelques désagréments, comme la température sibérienne d'Elysiòn ou la faune infernale, les sentenciés s'en sortent sans dommage collatéral.

Ramasseur

Un châtiment pour les crimes de troisième ordre. Il est réservé tout d'abord à ceux qui dérangent et dont les incarnations souhaitent se débarrasser en traître.

Procédure

On oblige le condamné à porter une robe rouge, pour le différencier des autres, et un immense sac qui servira à récolter les diverses matières premières qu'offrent la faune et flore infernales.

Impact sur le corps et l'esprit

Bien que le châtiment semble facile, de prime abord, il n'en est rien. La récolte est dangereuse. Le péril est omniprésent. Le châtié peut perdre des membres ou la vie, en affrontant des bêtes mortelles pour récupérer les matériaux nécessaires. Ou en collectant la sève ou les fruits des plantes de l'enfer.

Détention provisoire

Les incarnations et surtout Lucifer, utilisent avec zèle, ce châtiment pour les crimes de second ordre. Cela leur permet de pousser le châtié à la réflexion sans mettre en danger sa vie. Le temps d'incarcération dépend directement de l'envie du pilier du vice. Cela peut être de quelques mois à quelques siècles.

Procédure

La créature infernale sera guidée dans la prison des mauvais, dans une petite cellule sans fenêtre et plongé dans le noir infini. On passera à ses poignets des menottes qui l'empêcheront d'utiliser ses pouvoirs démoniaques.

Impact sur le corps et l'esprit

Les répercussions, autres que se sentir vulnérable et claustrophobe, sont assez minimes et ne présentent pour le châtié, aucun péril. Seul dans un lieu trop étroit pour lui, le damné aura tout le loisir de penser à sa faute, et comment mieux se comporter pour éviter d'être à nouveau enfermé.

Éternelle souffrance

Une condamnation rare mais, encore utilisée pour apprendre brutalement, aux infernaux qu'ils doivent éviter à tout prix, d'énerver leurs dirigeants.

Procédure
Le châtié est offerte dans sa forme charnelle et nue aux bêtes infernales. Son être se voit dévoré et souillé par les chiens de l'Enfer. Maintenu en vie et soigné avant que la mort ne l'atteigne, l’infernal devra subir cet outrage quatre jours.  

Impact sur corps et esprit
Comme les infernaux sont quasi immortels et cicatrisent, la souffrance n'en est que plus intense. L'esprit et le corps se remémorent ce douloureux instant. Le traumatisme les rappel à l'ordre avant qu'ils ne réitèrent leur faute.