Introduction |

Origine

Les premières Incarnations, qui composent encore aujourd'hui la majorité de leurs rangs, ne sont autres que les neuf membres de la rébellion originelle, les Archanges s'étant révoltés dans la violence contre l'autorité de Dieux. La mort de l'une d'elles à deux reprises, fruit du meurtre ou des conflits, a amené deux successeurs au pouvoir, l'une issue des rangs des Damnés, l'autre aux origines troublantes et encore mystérieuses. .


Description

Chacune d'elles conservent encore les traits de leur précédente existence, en surface du moins, offrant une grande diversité d'apparences. Les septs originels conservent de nombreux attributs archangéliques, de l'allure aux plumes, quoique parfois altérés par l'influence infernale ; les deux plus récentes étant notamment dépourvues de pennes similaires. Mais qu'importe leur physionomie, nul ne saurait les confondre avec d'autres infernaux, l'irradiance de pouvoir et d'autorité telle qu'elle déborde sur le plan matériel, sensible même des banals mortels, flamboyante pour les autres éternels. Leur forme astrale, celle qu'elles n'endossent que rarement, colossale tant sur le plan physique qu'arcanique, achève de rompre toute illusion de ressemblance avec le reste des sentients. Pour le respect du Grand Jeu, elles sont forcées d'abandonner leur forme pour s'incarner sur Terre, dissimulées dans l'enveloppe consentante d'un humain.


Psychologie

Inhumaines. Il importe d'oublier toute ressemblance apparente, même frappante, avec les mortels ou même les Damnés. Si chacune possède sa propre psyché, avec de remarquables différences, des traits communs subsistent. Une place prépondérante de leur Vice, qui s'il ne résume pas leur personnalité, n'en modèle pas moins de vastes pans. Une détermination d'airain, née de millénaires de conflits, tant contre les Célestes que leurs rivales et disciples. Une absence totale de scrupules, leur compas moral sans autre guide qu'elles-mêmes. Et finalement, une propension à pulvériser tout obstacle sur leur voie, si nulle autre solution ne les enchante. Puissances primordiales, la réalité se doit de céder devant elles ... ou de briser.


Hiérarchie

Au sommet de la société infernale, elles régentent chacune l'un des Vices et les Damnés qui y sont affiliés. Lucifer supplante de verbe et de fait les autres, trônant sans contestation et dirigeant d'une main ferme l'Enfer tout entier.


Lieu de Vie

Lucifer, encore, possède son propre palais, le Pandémonium, niché au sein d'Elysion, la région de l'Enfer qu'il réquisitionne pour son propre usage. Les autres Incarnations se contentent de monumentaux palaces, construits selon leurs désirs et à leur image, au sein même de la cité de Dis.


Nourriture

Si certaines peuvent savourer les mets et boissons empruntés aux mortels ou concoctés de leur propre imagination, la Gourmandise en particulier, aucune ne dépend réellement d'une quelconque alimentation. Chacune assure sa survie en s'abreuvant de son propre Vice à la source, se délectant des innombrables rus provenant de chaque âme, éternelle ou mortelle, qui se trouve, ne serait-ce qu'un instant, dans un infime geste, même un murmure de l'esprit, à le pratiquer. Tant que le Vice survit dans un être, l'Incarnation ne se retrouvera jamais sans subsistance.

Capacités Raciales |

Aura Impératrice

Les Incarnations sous leur forme véritable dégagent toutes une même aura de puissance démesurée, d'autorité manifeste et d'existence ancestrale. Nulle créature ne saurait y être insensible, et si les âmes douées de conscience peuvent s'arracher à la soumission immédiate qu'exige une telle aura, ce n'est que partiellement tant leur corps s'y soumettra instinctivement. Seules les Incarnations et les Archanges s'y révèlent parfaitement insensibles, les autres Célestes apprenant à en juguler les effets en puisant dans leur Vertu, sans le nier complètement. Les autres êtres ne peuvent compter que sur divers artifices, la force de volonté n'étant que le dernier recours, et le moins efficace. Cette aura étant perceptible sur des distances variant de quelques pas à plusieurs lieues, variant selon l'humeur, elle empêche de facto les Incarnations de déguiser leur véritable identité ou d'échapper à la perception de tous.


Chĭmæra

Ces entités, dotées d'une conscience affûtée, naquirent en même temps que les engeances infernales. Aussi éblouissantes qu'imposantes, les chimères se manifestèrent devant eux, à l'aube de ses premiers jours, dans un déferlement de lumière. Un lien ineffable les unit, que rien ne saurait rompre. Partageant âme et pensées, ils se comprennent sans formuler le moindre mot. Juste en soufflant son nom, la bête mythique traverse les dimensions, pour rejoindre son contractant et lui apporter son aide et son soutien. Bien que redoutables adversaires, ces créatures ne jouissent pas d'une existence impérissable. Au même titre que leur lié, la concentration des Vertus ou des armes saturées par le sang des Archanges peuvent les tuer. Le contrat, qui relie leurs vies, se révoque à la mort de l'un des deux. La chute de l'un condamne inéluctablement son autre au trépas. Lorsque l'Incarnation a chuté dans les Enfers, la chimère vit son être se souiller, au même titre que l'être dont elle partage l'existence.


Forme astrale

La plus pure manifestation de leur être, de leur véritable essence, cette forme n'est que rarement revêtue, pour des raisons pragmatiques. D'une voracité redoutable, elle puise avec entrain dans leurs réserves d'énergies immenses, mais pas infinies, et s'avère au demeurant peu pratique dans une société pensée pour des êtres à dimension humaine. Outre l'apparence majestueuse, quoique inhumaine, et la stature colossale qu'elle leur procure , elle seule leur permet de déployer toute leur puissance physique et arcanique, d'exprimer le véritable pouvoir de leur Vice. La transition entre leurs deux formes est immédiate, et risquée pour les téméraires qui se tiendraient trop proches.


Nature démoniaque

Pour toute leur puissance, les Incarnations restent des Infernaux, et partagent donc des traits communs avec leurs subordonnés. Une température corporelle extrêmement élevée, oscillant entre le fiévreux et le fourneau, une absence totale de souffle et un sang de braise, d'acide ou de gaz sont les plus notables..


Perception des âmes

Rares sont les égaux des Incarnations et des Archanges dans l'art de jauger les âmes. Si l'omniscience ne leur est pas accessible, elles sont parfaitement capables de distinguer les Vices ou les Vertus qui règnent sur un être, d'identifier les auras des éternels et leur essence. Pour autant, elles sont bien incapables de déchiffrer l'esprit d'un être, un tel don n'appartenant qu'à Dieu. Elles ne peuvent que sentir, d'instinct, les émanations de sa psyché, celles qui la rattachent à l'une ou l'autre des puissances de l'Enfer ou du Paradis..


Lien du Vice

Incarnations de leur Vice, comme leur épithète l'indique aux yeux de tous, un lien imperceptible par toute autre qu'elles-mêmes les lient aux éternels qui leur sont affiliés. Chaque Incarnation peut donc non seulement identifier un de ses Damnés dans l'instant, mais aussi, en se concentrant, pister et localiser l'un d'eux, et émettre une convocation résonnant au plus profond de l'esprit de l'individu.

Voix de l'esprit

Les Incarnations peuvent communiquer par voie mentale. Bien qu'elles puissent émettre des pensées, ces entités, aux immensurables pouvoirs, ne peuvent lire les esprits, ni pénétrer dans l'inconscience des êtres, pour leur propre agaçement.



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Seules de tous les Infernaux, les Incarnations ne séjournent jamais parmi les mortels dans leur forme véritable. Si auparavant elles pouvaient arpenter librement le sol du plan Terrestre, un tel privilège fut révoqué lors du règlement de la Guerre Sanglante et l'établissement du Grand Jeu. Vices et Vertus se virent interdire le passage des portails reliant leurs plans au royaume des mortels, tant dans l'esprit et le texte de la Loi que la matérialité des voies. Seule le noyau même de leur âme, leur Être et une faible fraction de leur pouvoir peuvent emprunter péniblement le chemin, par des sentiers fragiles et ténus. Une fois sur Terre, leur forme fantomatique, indiscernable de quiconque, est aussi obtuse à la moindre perception, seulement capable de repérer des individus marqués par leurs sbires car particulièrement imprégnés de leur Vice. Si un tel mortel s'avère consentant par la signature d'un contrat, l'Incarnation pourra alors prendre possession de l'enveloppe du mortel. L'âme originelle est toujours déformée par une telle aliénation qui peut durer plusieurs années, quand elle n'est pas purement et simplement dévorée par une Incarnation peu encline à cohabiter.

Atténuation de l'Aura

L'enveloppe mortelle étouffe partiellement l'aura de l'Incarnation, n'en réservant qu'une version atrophiée aux seuls êtres conscients de sa présence, à moins qu'elle ne le désire autrement. Si elle n'en provoque pas moins des bouffées de malaise et d'humilité contrainte à leur audience, elle reste nettement moins violente que sa version sans restreintes.


Fragilité de l'enveloppe

En dépit de la fraction de pouvoir qu'elles possèdent encore, les Incarnations n'en sont pas moins les hôtes d'un corps humain, bien vulnérable aux hasards de l'existence et aux dangers du Grand Jeu. Si elles peuvent influer sur sa vitalité au quotidien, il n'en peut pas moins être occis comme n'importe quel mortel. Pour la même raison, elles ne sauraient déployer leur pleine puissance physique. Elles guérissent plus vite, oui, mais une blessure létale, une maladie mortelle ou un poison véloce peuvent facilement les forcer à réintégrer l'Enfer.


Pouvoirs entravés

La fraction de puissance, tant arcanique que matérielle, ne saurait désormais surpasser celle de leurs plus puissants sous-fifres. Leur forme arcanique est bien sûr inaccessible. Elles restent de redoutables adversaires, notamment de par le vaste savoir et l'expérience qu'elles possèdent, sans parler de leurs subordonnés toujours obédients.


Projection infernale

Si elles ne sauraient délaisser leur hôte, sous peine de devoir établir à nouveau un contrat et satisfaire une nouvelle requête, elles n'en sont pas moins reliées à leur domaine infernal. L'écrasante majorité de leur essence demeure en Enfer, construct d'énergie et de pouvoir, matérialisé dans une forme éthérée, mais douée d'apparence et de perception, si privée de motion. En méditant, elles peuvent même converser avec quiconque se retrouve en leur présence.


Capacités préservées

Leur perception des âmes, la voix de l'esprit, leur connexion avec leur chimère ainsi que des liens de leur Vice restent intacte, tout comme leur aptitude à assimiler des langages mortelles en un instant. Leur immunité partielle aux Vertus, nichée au sein de leur Être, n'est pas affectée non plus.

Faiblesses |

Concentration de Vertus

Comme avéré par Mammon lors de la Guerre Sanglante, une Incarnation peut être tuée par un emploi suffisant de Vertu. Cependant, de par leur immunité partielle, les piliers du Vice ne sauraient être occis que par la plus pure des sources, le pouvoir d'un Archange Majeur, réceptacle d'une des Vertus. Si ces Archanges peuvent ainsi les défaire de front, certaines armes et artifices, rares et précieusement conservées par les Célestes, sont imprégnées d'une portion de l'essence d'un Archange Majeur et sont tout aussi dangereuses pour les Incarnations.


Interdiction de séjour terrestre

Depuis l'établissement du Grand Jeu, il leur est formellement interdit de se rendre chez les mortels dans leur forme d'origine. Ce tabou, central aux négociations qui ont suivi la Guerre Sanglante et qui concerne tant les catalystes des Vices que des Vertus, est impossible à contourner, les portails ayant été modifiés afin de leur barrer le passage. Aussi les Incarnations doivent recourir à un subterfuge, la possession d'un mortel consentant, diminuant drastiquement leur puissance ici-bas.


Le sang d'Archanges

Si le précieux fluide des Célestes est une drogue aussi prisée que dangereuse pour les Infernaux, les Incarnations se révèlent trop coriaces pour celui des échelons inférieurs, rabaissé au rang de douce liqueur. Celui des Archanges, en revanche, se révèle aussi embrasant qu'addictif, et peut ravager celle qui en abuserait, jusqu'à provoquer des dommages irréversibles, voir létaux.


Emprise du Vice

Esclave autant que souveraine du Vice dont elle est l'Incarnation, nulle ne saurait se soustraire à cette influence. Si leur être ne se résume nullement au Vice de chacune, il n'en occupe pas moins une place centrale dans leur psyché, leur existence, régentant dans une portion fondamentale leurs décisions et leurs projets, leurs plans et leurs impulsions. Conscientes de son impact, elles ne sauraient pour autant altérer leur voie, quand bien même elles en éprouveraient le vain désir : le Vice n'est pas implanté, il fait partie intégrante de leur âme, leur essence même, depuis le jour où elles se sont hissées sur leur trône.


Variation des affiliés

Si les Incarnations régentent leurs affiliés selon leur bon loisir, elles dépendent aussi d'eux dans une certaine mesure. La puissance de leur Vice, et donc la leur, dépend du nombre de Damnés et surtout de mortels qui le vénèrent, le pratique, y dévouent leurs vies, leurs actes ou leurs pensées. Si la perte d'un, ou même d'une centaine, ne provoquera pas le moindre remous digne d'être perçu, leur puissance a pu grandement varier dans l'Histoire, selon la popularité de leur Vice.


Atmosphère du Paradis

Comme tous les Infernaux, un séjour au sein même du royaume divin s'avère extrêmement désagréable, perturbant leurs pouvoirs et infligeant une douleur spirituelle atroce à ses anciens habitants désormais dépourvus de leur Grâce. Dix jours au sein des terres célestes provoquera un sommeil contraint et une paralysie minime. Celles d'origine humaine, en revanche, sont rapidement frappées d'une étrange somnolence, qui pourrait s'avérer éternelle au bout de quelques jours.

Forces |

Force colossale

Leur enveloppe originale leur permet de déployer une puissance physique rarement rivalisée, aisément sept fois supérieure à un mortel ordinaire. Leur forme astrale repousse encore ces frontières, à l'égal des titans et des puissants golems guerriers d'antan.


Immunité partielle aux Vertus

Leur être consacré aux Vices ne saurait être détourné de leur voie par un quelconque artifice. Si les manifestations les plus brutales et dévastatrices restent une de leur faiblesse, les tentatives plus pernicieuses, qu'elles proviennent des Archanges Majeurs ou de leurs affiliés, ne sauraient avoir la moindre influence sur leur psyché ou leur essence. Toute manipulation par une Vertu est à exclure.


Immortalité

Insensibles au poids des années, des siècles et des millénaires, les Incarnations sont virtuellement éternelles, dès lors que nul n'exploite l'une de leurs faiblesses. Les forces les plus puissantes du cosmos, les armes les plus dévastatrices des mortels ou les pires furies de Gaïa ne sauraient terminer leur existence, tout juste endommager leur enveloppe temporairement, une tâche plus aisée à évoquer qu'à accomplir, tant leur réceptacle s'avère coriace et robuste.


Présence arcanique

Les Incarnations disposent d'un lien particulier avec la trame de l'existence, de par le Vice dont elles sont les représentantes et les catalyseurs. Si leur perception des vents de l'aether est acérée, c'est la manipulation de ces courants qui impose leur statut de Puissance, bien au-delà de leur force physique. Seuls les Archanges Majeurs dépositaires des Vertus peuvent rivaliser avec leur talent pour plier la réalité à leur souhait, altérer sa nature et déployer de délicats canevas ou de brutales manœuvres à grand renforts d'arcanes.


Entente universelle

Si leur prétendue omniscience n'est qu'un mythe utile, elles n'en demeurent pas moins capables d'assimiler n'importe quel langage mortel en une fraction de secondes, affichant une maîtrise courante tant de la diction et des accents que de son vocabulaire et de sa syntaxe..


Présence impérieuse

Chaque Incarnation peut, à son souhait, contrôler une partie de l'aura qu'elle dégage afin d'imposer le respect qui lui est due. Si leur aura impératrice ne peut être dissimulée ni même amplifiée à dessein, variant selon la psyché de sa propriétaire, elle peut en revanche être focalisée sur un groupe,voire un individu, concentrant la formidable présence de l'Incarnation sur les malheureux. Une épreuve douloureuse, voire traumatisante pour des sentients dont la psyché ne serait pas assez robuste pour encaisser une telle présence.


Vitesse surréelle

Ces grandes puissances disposent d'une célérité cinq fois supérieure à tout être humain. Ils surclassent même les plus rapides athlètes, à la course. L'œil Mortel ne serait pas apte à suivre les mouvements de ces êtres, tant ils se déplacent en un instant. Il perdrait rapidement de vue l'Incarnation qui pourrait profiter de cette faiblesse humaine, pour se positionner dans un angle mort et le forcer à l'inconscience.

Pouvoirs |

La Colère

Elle est l'Incarnation de la rage sous toutes ses facettes, tous ses aspects. Elle sait attiser tant les explosions soudaines et brèves que les haines tenaces et sourdes, embraser ses flambées ou tremper avec délicatesse son mordant. Son influence se fait sentir à travers les éruptions d'un être ou d'une nation, dans les furies aveuglées par les rancoeurs intimes ou les passions déchaînées par des idéaux vertueux. Loin de n'affecter que les consciences, elle peut imprégner l'enveloppe même de ses dévots, décuplant leur puissance sans égard pour leur préservation ou leur santé, ou bien inspirer son Vice jusqu'à magnifier sa propre essence et jouir d'une force sans égale. Sans entraves, la Colère peut ainsi embraser la Création elle-même, consumer les êtres et les choses et enflammer le tissu même de la réalité.


Le Mensonge

Il est l'Incarnation de la tromperie, de l'illusion et des apparences. Il se cache tant dans les mystères dissimulés que les rumeurs proclamées, le décorum des palais et les masques qu'arborent le commun. Sous ses manipulations imprévisibles, la frontière entre la véracité et l'inexactitude se brouille, difficile à distinguer même par les plus sages et sceptiques, tant leur sagacité finit par se retourner contre eux. Les sens deviennent trompeurs, la mémoire s'altère, les tourments des âmes accablent leur propre enveloppe charnelle. Il peut se soumettre à sa propre emprise, jouant ses propres perceptions pour mieux mystifier autrui, déjouant toute tentative de dénouer sa trame. Les plus profondes illusions du Mensonge accablent la notion même de réalité, la forçant à se soumettre à ses fables élaborées


L'Avarice

Elle est l'Incarnation d'une cupidité conservatrice et d'une avidité égocentrée. Elle se love dans le désir des êtres d'accroître leur fortune, de protéger leurs possessions contre tout agresseur réel ou fantasmé. Force motrice des cupides de tout âge et des volontés mercantiles collectives, tout autre but ou motivation originelle finit par s'effacer devant son influence insidieuse et lente. Elle est la défense farouche du butin dûrement obtenu, et la rancune éternelle des dépouillés. Dotée de la plus grande familiarité avec les essences précieuses de la matière, elle peut manipuler leurs propriétés et leur nature même, en imprégner sa propre essence, métaux et gemmes plus que toutes autres. In fine, l'Avarice incarne le désir immuable de la Création de protéger farouchement son essence, contre toute agression et influence d'un Autre.


La Luxure

Elle est l'Incarnation de la sensualité sous toutes ses facettes. Loin de se cantonner à la satisfaction du désir charnel, elle promeut la poursuite du plaisir des sensations, la satisfaction des pulsions, un hédonisme sans autres considérations morales ou éthiques. Des arts élaborés aux plaisirs rustiques, elle susurre aux oreilles de chacuns pour les détourner des durs labeurs de l'existence et des chagrins futiles. Maîtresse des sens, elle sait les aiguiser et les orienter, jouer de leur musique pour aiguiller les désirs, mais aussi amplifier les siens afin de mieux étreindre la réalité. L'imaginaire des consciences n'échappe pas à son emprise, rêves, cauchemars et autres fantasmes comme autant d'argile malléable. Sous sa forme la plus pure, la Luxure magnifie le désir de chaque pièce de la Création, l'attraction fatale de toute chose pour ses complémentaires.


La Paresse

Elle est l'Incarnation de l'inertie, de l'indolence et du moindre effort. Son influence complexe promeut certes chez certains la complaisance dans l'instant, la recherche apathique d'une oisiveté rêvée ; mais elle entraîne paradoxalement chez d'autres une quête de l'efficacité et de l'intellect pour diminuer le fardeau du quotidien. Elle se niche tant dans les léthargies néfastes que les repos productifs, la recherche du statut quo que le rejet déterminé d'une existence accablante. Elle joue de la pulsion de toute chose à atteindre un état stable, se complait dans l'immobilité glaciale et le calme des grands froids. Quand la Paresse daigne déployer toute l'étendue de son Vice, la trame de l'existence, âmes et corps, énergies et objets, tous perdent de leur vigueur et de leur élan, jusqu'à figer la trame même du monde.


L'Envie

Elle est l'Incarnation de la jalousie, du désir de faire sien ce qui est autre. Elle détourne les regards de l'acquis vers celui d'autrui, fait jaillir l'atroce manque du superflu promu essentiel, aiguise les convoitises surpassant le mercantile. Obsessionnelle et inlassable, elle incite l'être à l'insatisfaction et la poursuite effrénée et nourrit d'innombrables vocations scélérates ; régente du mimétisme comme de l'inspiration, elle sait procurer tant motivations que talents à ses disciples, assumés ou inconscients. Puissance créatrice qui n'en cède qu'au Père, elle jouit d'un talent inégalé pour la manipulation et l'appropriation de sa Création, d'altérations transcendantales plutôt que destructrices. Plus que toute autre, les frontières des domaines de l'Envie sont fluctuantes, les autres Vices ne pouvant échapper à sa convoitise.


L'Orgueil

Il est l'Incarnation de la volonté d'airain, de l'autorité du souverain, de l'affirmation de l'Ego. Conseiller des puissants et prêcheur des gens de peu, il pousse chacun à saisir son dû, défendre sa place méritée dans l'ordre de la Création. Ployer le genou ou rivaliser d'ardeur, nul être ne se doit d'ignorer son existence. Sa présence magnifie la fierté des peuples, anime les ambitions des conquérants, soutient la lutte des accablés ; ses faveurs font courber l'échine des adversaires, arrêtent net les comploteurs pusillanimes, maintiennent la plèbe dans sa servilité. Loin de cette subtilité, les démonstrations les plus brutales de sa puissance divine dévient sans peine les agressions présomptueuses et pulvérisent les obstacles insolents. Quand l'Orgueil se déploie dans toute sa superbe, la réalité elle-même se doit de s'incliner ou de rompre.


La Gourmandise

Elle est l'Incarnation de la pulsion de consommation, de l'appétit dévorant. Elle pulvérise avec allégresse les restrictions futiles et les principes de sagesse qui prétendent restreindre la poursuite des saveurs de l'existence. Jouant des failles des âmes comme des corps, elle détourne de la simple quête de subsistance et des notions des conséquences. Arômes familiers ou fumets exotiques, tout doit être goûté, consommé, dévoré. Sa voracité ne saurait se limiter aux comestibles du commun, jusqu'à dévorer êtres et choses, tant dans les actes et objectifs que l'expression la plus littérale du terme. Lorsque la Gourmandise ôte ses entraves, nulle créature, nul pouvoir, nulle essence n'est à l'abri de son abyssale et frénétique convoitise, jusqu'à engloutir les trames fondatrices des courants arcaniques qui parcourent la réalité, puis de la Création elle-même.


La Discorde

Elle est l'Incarnation de la désunion, la rupture des liens, la disharmonie dans toute sa splendeur. Elle attise le moindre désaccord, envenime le quiproquo, brise les relations et nourrit les rancoeurs, anciennes et nouvelles. Sous son influence changeante, d'un murmure à l'oreille aux hurlements des crieurs, la trame des sociétés et des cultes, des cités et des familles, des couples et des âmes se délite et se rompt, cédant au vide béant du néant. Vicieuse et sinueuse, elle sait jouer de ses apparentes contraires, entente et concorde, pour choyer sectarismes et fanatismes, s'empressant par la suite de les miner de l'intérieur. Les ravages les plus redoutables de la Discorde accablent le canevas de la matière elle-même, dissociant ses composants les plus élémentaires.

Relations

Avec les Célestes

Ennemis ancestraux depuis la Rébellion de Lucifer, la faille n'a fait qu'être élargie à un abîme insondable depuis la dévastation de la Guerre Sanglante. Seul le Grand Jeu permet le maintien d'une fragile trêve, empêchant la farouche compétition pour les âmes des mortels de dégénérer à nouveau en un conflit ouvert. Même les Incarnations se prononçant, ouvertement ou non, pour la préservation du traité ne souhaitent prôner une véritable coopération. De par leur nature, les représentants des Vices et les adeptes des Vertus ne peuvent cohabiter, poussant les premier à chercher sans relâche l'anéantissement ou la corruption des seconds.


Entre Elles

Tantôt rivaux menaçant, tantôt alliés de circonstance, les relations avec leurs égales sont toujours complexes et souvent changeantes. Si la souveraineté de l'Orgueil n'est que rarement remis en cause, du moins de front, les luttes d'influences sont incessantes, de l'amitié fourbe à l'hostilité franche, d'alliances rompues en complots millénaires. L'unité, pourtant amplement de façade, engendrée par les violents conflits avec le Paradis n'a pas survécu au Grand Jeu, et nulle ne saurait avoir une foi aveugle et donc létale envers ses semblables.


Avec les Déchus

Enfants chéris de Lucifer, les Anges Déchus sont les plus fidèles de ses serviteurs, leur loyauté proverbiale récompensée par sa protection contre les vicissitudes de tout autre Infernal ; toute agression à leur égart suscitant ses représailles impitoyables. Les autres Incarnations, en dépit de leur éventuelle jalousie, ne peuvent se permettre de transgresser cet interdit ni d'étendre leur emprise sur ces importuns ... ouvertement, du moins.


Avec les Damnés

Subordonnés indispensables et sacrifices remplaçables, usurpateurs potentiels et pions instables, les Damnés sont les fondations de la société Infernale que les Incarnations dirigent. Si certaines peuvent tolérer un large degré de familiarité, voire d'intimité de la part de leurs affiliés, elles ne sauraient accepter qu'ils oublient leur place, dans un rappel parfois mortel, toujours cuisant. Les représentantes des Vices tiennent les rênes d'une poigne implacable, rarement menacée par les innombrables manigances de leurs inférieurs.


Avec les Mortels

Une masse anonyme, ignorante de leur existence, trop souvent indigne de leur intérêt. S'ils sont rares à ne pas nourrir les Vices, peu d'entre eux sont réellement importants dans le Grand Jeu ; l'écrasante majorité finira dans les limbes, seuls les plus dévoués envers un Vice ou une Vertu échappant à ce destin. Une poignée de mortels, à chaque génération, s'avèrent disposés à devenir leurs réceptacles, suscitant leur convoitise et leur attention. Les autres ne sont que distractions ponctuelles, délicats éphémères et existences fugaces, remplacées par millions en un fragment d'éternité.


Avec les Sang Mêlés

Qu'ils soient issus de la transgression d'un Céleste ou des incartades d'un Déchu, ces rejetons de deux mondes, de par leur nature angélique, sont sujets au même interdit que les Déchus. Plus sensibles à l'influence des Vices par leur moitié mortelle, les corrompre est farouchement encouragé, une opportunité d'obtenir une faveur fugace de Lucifer. Dissimuler la nouvelle recrue à son autorité, en revanche, est une offense capitale, digne de relancer les anciennes guerres entre Vices.

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